Le pied léger mais le coeur lourd
C'est toujours un plaisir de tomber sur un film qui sort du lot, un film qui porte un regard différent, qui attaque d'un autre angle un sujet pourtant ultra traité au cinéma américain. J'avoue que, ne connaissant pas le film, je me suis basé sur son titre et son année de sortie (les années 30) et je me suis dit que j'allais voir une comédie musicale, surtout que Ginger Rogers figure au casting. Quelle ne fut donc pas alors ma surprise quand j'ai découvert que Stage door est un film dur, parfois cruel, mais pas une comédie et pas musical du tout.
Il s'agit d'un film qui tente de faire le portrait d'un groupe de femmes qui essaie de vivre de leur art, de leur savoir faire et qui essaie (chacun à ses moyens, ses techniques, ses ambitions) de devenir une artiste à part entière. Avec ce film, on a vraiment l'impression d'assister aux coulisses des films de Busby Berkeley. Les beaux décors ne sont pas là, le rythme trépidant non plus et les spectacles musicaux ne sont pas au rendez-vous. Gregory La Cava nous montre la difficulté de la tâche, la souffrance de certaines jeunes filles. Et quel rôle que celui de Katharine Hepburn ! Alors qu'on est en droit de penser qu'elle sera l'ange gardien du film, qu'avec ses relations et sa position sociale initiale elle essaiera d'aider chacune dans ses projets, et bien, il n'en est rien. Elle veut faire sa place comme les autres, elle veut être dans l'arène et ne fera pas de cadeaux. Alors, le prix a payé est terrible... Etre en haut de l'affiche, oui, mais et les autres ?
Il y a des non dits, des souffrances masquées mais visibles qui sont terribles dans ce film. Il semble léger et joyeux car, après tout, ces femmes forment un troupe formidable, mais derrière ce mince rideau d'un bonheur apparent se cache le poids terrible de l'insuccès.