Boredom of press
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Oui, je sais, un titre est censé être court, mais c'est une super réplique. Et en plus, ça me permet de montrer que j'ai vu le film en VO.
Et j'ai aimé ! Pentagon Papers est divertissant et captivant. J'ai même flirté avec la paranoïa, voyant des traîtres partout au Washington Post. Bref, je me suis laissé entraîner.
Alors, c'est certain, si vous espérez un film sur le travail journalistique ou une histoire d'une grande fidélité historique, il vaut mieux passer votre chemin. Pentagon Papers aborde plusieurs (beaucoup de) thèmes d'actualité sans vraiment les approfondir : liberté de la presse, relation entre la politique et les médias, urgence ou non de la publication, financement des journaux et féminisme.
J'ai adoré Meryl Streep. De toute façon, j'adore Meryl Streep. Et comme toujours, elle est à la hauteur (niveau d'objectivité : -12). Le personnage de Kay est plutôt nuancé. Le film montre bien sa difficulté à se faire une place et à se sentir légitime ; son positionnement complexe, entre ses amis politiciens, les investisseurs et sa rédaction. Elle tient un rôle particulièrement compliqué avec quelques punchlines bien sympa. Petit bémol, l'évolution du personnage est un peu caricaturale, mais bon, en 1h57 on ne fait pas de miracles.
Sur la question du féminisme, le film peut se montrer aussi subtil que lourdingue. La réaction extrêmement brutale de McNamara, entre paternalisme pseudo-bienveillant et menaces à peine voilées lorsque Kay lui explique qu'elle lui demande son avis et non sa permission, est totalement révélatrice des mécanismes de violences utilisées par les hommes pour affirmer leur domination sur les femmes. En revanche, Kay baignée dans une espèce de lumière divine et adulée par les jeunes femmes qui la prennent nécessairement en modèle, car c'est une Sainte... Ouais bon, c'était carrément too much. Too much aussi la séquence « discussion à cœur ouvert et émotions ». Elle n'apporte rien au film et réinsiste ultra lourdement sur la difficile place de la femme. Ça manque clairement de finesse...
Pentagon Papers est présenté comme un film sur la liberté de la presse et la tentative de censure par les gouvernants. Pourtant, les scènes devant la justice montrent que l'équilibre entre sécurité nationale et liberté de publier n'est pas évident, notamment avec l'argument de la crédibilité d'un gouvernement dont les secrets d'État fuiteraient dans les médias. Toute la complexité du droit de la presse se situe justement dans cet équilibre à trouver. Et le film a le mérite de rappeler que cette question a fait (et fait encore) l'objet de décisions de justice qui n'ont rien de simple (c'était ma minute « jubilation de juriste »).
D'ailleurs, je me suis énervée toute seule contre le conseiller juridique du journal. Bon déjà, ce petit blondinet joufflu ne m'inspirait pas du tout confiance (comme la plupart des personnages, vu que je suis parano, mais bref). Ensuite, le voir à la limite de faire dans son pantalon à l'idée d'aller au tribunal, j'avais envie de lui dire : « mon petit chou, tout le droit de la presse moderne s'est construit devant les tribunaux. Alors, on se sort les doigts du fondement et on y va ! » Non, mais ! Ces jeunes, je vous jure.
Et en parlant de jeunes qui font n'importe quoi : personne ne regarde avant de traverser la route ?! Sérieusement, le nombre de personnages qui manquent de se faire renverser est impressionant. Nixon ne pouvait pas rédiger un code de la route au lieu d'écouter ses copinous ?
Et puis, tant qu'on y est : on pourrait aussi essayer de transporter discrètement les documents classés « secret défense » qu'on a obtenus manière totalement illicite hein. Parce que courir avec le dossier top secret en plein Washington ou blaguer sur les secrets d'État avec l’hôtesse de l'air c'est le meilleur moyen de se ramasser une perquisition quand même. Mais bon, personne n'a l'air de capter donc ça va !
Finalement, à l'exception de quelques détails, Pentagon Papers nous offre un scénario cohérent, avec une brochette d'acteurs particulièrement talentueux. Et il vaut la peine d'être vu rien que pour les scènes de mise sous presse du journal, parce que la presse c'est trop beau !
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Créée
le 31 mars 2018
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