Mon premier Lee Chang-Dong, Peppermint Candy donne envie de continuer à explorer l'oeuvre d'un cinéaste apparemment aussi atypique. Ce film qui couvre vingt ans de la vie d'un personnage que l'on apprend à connaître à l'aube de son suicide fait l'effet d'une claque, mais une claque qui ne ferait pas trop mal au début pour en fait s'avérer fatale.
Le début est intrigant, voire même presque ennuyeux, les motivations de cet homme hystérique (qui rappelle beaucoup de personnages coréens comme ceux de Boong Joon-ho) n'étant pas faciles à comprendre. Mais cette fameuse trame antichronologique nous indique justement que les raisons qui ont rendues cet homme fou de tristesse nous seront peu à peu dévoilées. Et c'est là le plus beau succès de ce film, qui, lentement mais sûrement, nous permet de nous identifier à ce personnage qui s'adoucit au fil du film (donc s'endurcit en vieillissant), passant du rustre qui trompe sa femme au jeune homme plein d'espoir amoureux.
C'est en fait bien cette histoire d'amour qui n'a jamais vraiment eu lieu qui représente le centre du récit : Kim ne cesse de mentionner son "premier amour" dont ses collègues se moquent, expliquant pourquoi il n'aime pas sa femme et la traite comme si elle n'existait pas alors qu'elle attend leur enfant. Une des plus belles scènes du film est celle où notre héros revient à la ville de naissance de cette fameuse fille qu'il a aimée et en décrit les raisons à cette inconnue : il n'est pas venu pour la voir elle, mais pour voir la même pluie et arpenter les mêmes rues... Quelle tristesse que cette relation inachevée qui avait commencé de manière si romantique lors d'un pique-nique.
Changé à jamais par son expérience à l'armée, Kim s'éloignera peu à peu de cet homme doux et poétique qu'il a été pour devenir un énième divorcé ayant trompé son ex-femme et ne vivotant plus que par défaut. Lee Chang-dong parle donc de manière subtile des défauts humains tout comme des défauts de son pays (dont le service militaire reste aujourd'hui encore obligatoire), commençant de manière assez laborieuse un récit dont la structure nous permet de mieux appréhender les problèmes du protagoniste principal.