C’est parce que ces œuvres ne sortent pas en France et rarement au Québec, mais qu’elles sont presque intégralement destinées au marché américain avec préférence pour les États très religieux et souvent ultra républicains, que l’on n’en entend peu parler. Il y a même un studio qui s’est créé pour ce type de productions prosélytes vantant les mérites de Dieu, de la foi et de l’Église. Il y en même une qui avait dépassé les 100 M$ avant la crise avec Dennis Quaid : « La Voix du pardon » (en version originale, « I can only imagine »). C’est donc un véritable marché cinématographique de la religion chrétienne à tendance anglicane qui existe chez nos amis de l’Oncle Sam ou plutôt une véritable machine de propagande religieuse. Et c’est ce qui dérange un peu (voire beaucoup) chez ce « Father Stu » produit par Mark Wahlberg et surtout un gros studio, en l’occurrence Sony. Si le film en lui-même n’est pas détestable, il martèle tellement ses valeurs chrétiennes que cela en devient gênant et court-circuite tout le reste. Il laisse un drôle de goût et l’impression de s’être fait kidnapper par une congrégation religieuse sans le vouloir et écouter leurs sermons.
On peut donc sans peine avouer, non pas que le fond soit nauséabond car c’est une question de point de vue et de convictions, mais clairement tendancieux et dans une direction tout sauf laïque, ce qui peut être particulièrement gênant pour un spectateur non initié et athée. Ensuite, « Father Stu » a beau être une histoire vraie, chaque séquence semble le crier haut et fort comme si le script semblait improbable et que toute l’équipe du film ne croyait pas elle-même à tout ce qu’elle tournait. Conséquemment cela donne un aspect bancal au long-métrage, les péripéties ou plutôt les choix du personnage principal s’enchaînant sans vraiment de logique et de fluidité, notamment le plus important, celui qui donne sa raison d’être au film. En effet, quand le choix de devenir prêtre est montré à la moitié du film, les raisons qui l’y poussent sont grossières et amenées avec de gros sabots. On y croit pas du tout...
Mark Wahlberg a beau être un acteur sympathique, il n’a pas les épaules assez larges pour ce type de rôle. Il manque d’intensité et s’il n’est pas mauvais on dirait qu’il joue encore une fois le mec américain lambda et sympa. Puis, le chantage à l’émotion, souvent présent dans ce type de film est tout sauf naturel. On avoue que la fin est déchirante mais on sous-entend trop un « Pleure spectateur! ». On apprécie en revanche Mel Gibson dans un second rôle en forme de rédemption (tiens!) qui colle bien au sujet du film quand on sait les errances passées de l’acteur. La relation père-fils entre les deux acteurs est le meilleur aspect de cette oeuvre. Notons aussi une Jacki Weaver très juste. Ce n’est pas ennuyant malgré les deux heures qu’il dure mais « Father Stu » semble tout droit sorti des années 90 et se destine plutôt à un public de niche dont nous ne faisons pas partie.
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