Jim Jarmusch.
Si comme moi vous appréciez ce réalisateur génial et que le visionnage de chacun de ces films provoque chez vous un mélange d’excitation et de satisfaction, alors ce film est fait pour vous. Si au contraire, vous n’avez jamais compris le succès de ce mec au cinéma prétentieux qui fait des films chiants dans lesquels il ne se passe absolument rien, ne le regardez surtout pas.
Premier film et projet de fin d’étude du bonhomme, il comprend tous les éléments caractéristiques de sa future filmographie. L’environnement, un New-York sombre, sale et désertique, y occupe une place centrale. Les plans fixes de ruelles délabrées, de vieux bâtiments vétustes et de ses habitants paumés s’enchainent. Film vain sur la vanité de la vie, il met en image l’errance, thème que l’on retrouve dans la quasi-totalité de ces films. Aloysius Parker, vagabonde d’un lieu à l’autre, nonchalant au possible, s’installe quelque temps avant de filer sans mot dire à personne. Aucune attache, pas de famille, pas de réel ami, il dérive seul dans les rue de New-York, à la marge et conte sa vision du monde en voix-Off : il est en vacances permanente.
Pendant ses pérégrinations, il rencontre d’autres individus singuliers, marginaux, parfois pas très loin de la folie. Chacun est dans sa bulle et toutes les conversations se fond à sens unique. Chacun parle et s’écoute parler sans que son interlocuteur n’ait à répondre quoi que ce soit. Chacun est isolé, solitaire, perdu au milieu de l’immensité de cette ville.
Pour la légende, le tournage a été financé par un prêt automobile et une bourse étudiante au nom de Louis B. Mayer producteur américain du début du XXème siècle. Résultat : un premier film atypique a l’ambiance unique, quasi recueil photographique et la perte de son diplôme. Ce cher Parker est quant à lui une sorte de version bêta de la majeure partie des personnages développés par le réalisateur depuis ce premier coup d’essai. Loin d’être un vulgaire brouillon de la future œuvre du cinéaste, il montre le style déjà affirmé de ce bon vieux Jim.