Sûrement l'épisode le plus noir et le plus réaliste de la saga. Timothy Dalton campe le vrai James Bond imaginé par Ian Fleming : froid, sans cœur, séducteur malgré lui, colérique et déterminé, traversant ici une dure épreuve... Il est en effet mis à pied par son supérieur quand il chercher à venger son ami de toujours Felix Leiter, mutilé par un dangereux baron de la drogue. Son permis de tuer retiré et abandonné par le MI6, Bond va devoir faire cavalier seul (ou presque) pour infiltrer le cartel du meurtrier de son ami.
Une enquête à part donc pour ce scénario qui s'éloigne radicalement des précédents films à cause de sa noirceur et sa violence.. Mis en scène par un John Glen bien plus dynamique qu'à l'accoutumée, Permis de tuer nous offre une aventure rythmée, élégante, réaliste, avec un méchant patibulaire campé par l'imposant Robert Davi (Le Contrat), baron de la drogue sadique et machiste qui n'hésite pas à mutiler, tuer ou remettre en place ses maîtresses d'un coup de fouet.
Nous suivons donc un Bond plus sérieux que jamais, faisant fi des règles et jouant ainsi de son charme pour s'infiltrer dans le milieu de l'héroïne cubain, séduire la femme du chef et tuer les gêneurs avec une brutalité inhabituelle, l'agent 007 étant prêt à tout pour avoir la peau de ce détestable antagoniste sans foi ni loi. La deuxième et dernière apparition de Timothy Dalton dans le rôle de l'agent secret est donc une réussite, côtoyant l'excellente Carey Lowell, une James Bond girl moins nunuche que ses prédécesseuses mais tout aussi sexy, et paradoxalement la bimbo sans talent Talisa Soto.
Ponctué d'un certain humour et poussant la psychologie de ses personnages légèrement plus loin (on notera la relation amicale entre Bond et « Q » ou encore la référence à la défunte femme de ce dernier). Oubliant quelque peu les gadgets mais se rattrapant sur des scènes d'action spectaculaires (dont une course-poursuite finale en camions des plus virulentes), Permis de tuer peut être déroutant au premier abord, le film ne jouant vraiment pas des codes habituels de la série, mais s'avère au final l'un des meilleurs Bond au scénario plus original et à l'atmosphère moins clichée.