Sorti en 1989 et toujours réalisé par John Glen, l'homme responsable des deux Bond avec Timothy Dalton, Permis de tuer poursuit le virage amorcé dans la saga avec Tuer n'est pas jouer. On a donc un Bond plus sérieux, plus violent et plus sensible que dans les opus précédents avec Roger Moore. Mais voilà, ce sera malheureusement le plus gros bide au box-office de la saga et c'est certainement ce qui coûtera sa place à Timothy Dalton et ce qui entrainera un hiatus de six ans avant de reprendre la saga avec Pierce Brosnan dans Goldeneye (1995). Vous l'aurez compris, Permis de tuer c'est donc le deuxième et dernier Bond avec Timothy Dalton.
L'histoire de ce Bond s'écarte beaucoup des opus précédents et des codes de la franchise. Ainsi, pas de mission confiée par M ici, mais juste une histoire de vengeance personnelle. Le film commence avec James Bond qui se rend en Floride pour assister au mariage de son ami de la CIA Felix Leiter (David Hedison). Problème, le mariage est interrompu car la CIA doit coffrer Franz Sanchez (Robert Davi) un gros bonnet de la drogue sud-américain, avant qu'il ne s'échappe des Etats-Unis. Le temps est compté et les deux hommes doivent l'arrêter coûte que coûte. Mais voilà, les deux hommes échouent, Franz Sanchez s'échappe puis retrouve Felix Leiter, tue sa femme et blesse grièvement l'agent de la CIA. James Bond va alors désobéir au MI6, ne pas rentrer au Royaume-Uni et partir à la recherche du tueur de son ami. L'envie de vengeance sera alors son seul moteur.
On l'aime ou on ne l'aime pas, toujours est-il que ce Bond tente des choses. On va encore plus loin que dans l'opus précédent dans l'approche "réaliste" du film d'espionnage. Alors certes, l'écriture surfe volontiers sur des tropes bien "eighties", avec cette ambiance très Miami Vice dans la première moitié du film et un côté plus Die Hard dans la seconde, mais elle rend aussi hommage aux écrits de Ian Fleming et au caractère plus humain de James Bond, quelque chose qu'on ne reverra pas avant l'arrivée de Daniel Craig dix-sept ans plus tard avec Casino Royale (2006). Pour moi, Les Bonds de Daniel Craig sont vraiment l'héritage des deux Bond avec Timothy Dalton.
Avec Permis de Tuer, on monte encore d'un cran par rapport à Tuer n'est pas Jouer. On retrouve un James Bond encore plus sérieux et plus humain, qui exprime ici des sentiments ambivalents. Dans la première moitié du film, on le voit heureux au mariage de son ami, touché quand on lui rappelle qu'il a été lui-même marié (Au Service de sa Majesté), puis dévasté quand il découvre les corps abattus de son ami blessé et de sa femme morte. Dans la seconde moitié du film, on aura un James Bond violent et plein de colère, il est littéralement assoiffé de vengeance. Le film est vraiment très sombre et très violent et sans humour, ce qui nous change des Bond précédents avec Roger Moore et même de ceux avec Sean Connery. Et puis ici, avec Felix Leiter, on a un méchant vraiment très méchant, cruel et qu'on aime détester. C'est un méchant bien plus mémorable que dans l'opus précédent Tuer n'est pas Jouer et ses deux antagonistes de pacotille.
Alors oui on est bien d'accord, le scénario ne va pas bien loin, on se retrouve devant une simple histoire de vengeance. Le scénario tient sur cinq lignes et vous n'aurez pas ou très peu de surprises. Mis à part peut-être la trahison de l'agent Ed Killifer (Everett McGill), on voit tout venir à l'avance. Heureusement pour nous, l'action est très présente ici. On retiendra surtout la scène de poursuites avec les camions très spectaculaire et peut-être bien inspirée par Mad Max 2. Le rythme du film étant très soutenu, vous ne vous ennuierez pas une seule seconde, mais ne comptez pas sur le scénario pour vous tenir en haleine. Ici, c'est uniquement l'action qui fait avancer le scénario, alors si vous n'êtes pas fan des films d'actions, vous serez peut-être déçus.
Bref, Permis de Tuer est un opus à part dans la saga. Tous les codes bondiens sont mis de côté et je le vois plus comme un film d'action des années 80 que comme un vrai James Bond. ainsi, les personnages emblématiques de la saga (M, Moneypenny et Q) sont sacrifiés, James Bond est dénué d'humour et d'auto-dérision (il est vraiment très "serious-business") et bien que très belles, les deux James Bond girls Pam Bouvier (Carey Lowell) et Lupe Lamorane (Talisa Soto) ne sont pas particulièrement mémorables (mais là, ce n'est que mon avis). A noter également que c'est le premier opus de la saga à ne pas être inspiré d’un roman de Ian Flemming, ceci peut expliquer celà. Et puis c'est sans conteste le plus violent de tous les Bond. Mais tout ça, ça ne m'a pas empêché d'apprécier ce dernier Bond avec Timothy Dalton, en mode "Impitoyable". (6.5/10)