On peut donc se laisser charmer par un film (relativement) raté...
Objectivement inégal, truffé de défauts et de maladresses, "Persona non grata" m'aura pourtant offert un vrai bon moment.
Le contexte de visionnage a sans doute joué : j'étais serein et détendu après une journée de travail en plein air, fatigué juste comme il faut, et puis le film ayant eu de mauvaises critiques, j'ai été agréablement surpris au final.
Puis surtout, malgré ses lacunes, ce remake d'un film brésilien ("O invador" de Beto Brant) possède de vraies qualités : une ambiance particulière, baignée par la lumière naturelle de l'Occitanie, posée sur la ville de Montpellier et son magnifique littoral, et portée par une bande originale aussi éclectique qu'envoûtante.
J'ai aussi été sensible à ces personnages à la dérive, à cette histoire assez prenante, à l'univers du BTP rarement montré au cinéma...
Et puis j'apprécie la plupart des comédiens présents au générique (y compris les seconds rôles tels que Frédéric Pierrot, Gilles Cohen ou Matthieu Rozé).
Venons en maintenant à ce qui fâche...
D'abord, cette intrigue de film noir n'est guère originale, on a déjà vu cent fois ce genre de situations, avec deux ambitieux qui imaginent un plan bancal (en l'occurrence buter leur patron), avant que la situation ne leur échappe, et que leur belle amitié n'explose en plein vol.
En plus ici Duvauchelle et Personnaz passent leur temps à s'engueuler dès le départ, donc difficile de les imaginer comme des amis d'enfance "à la vie à la mort".
Des problèmes d'écriture de ce genre, "Persona non grata" en est truffé. Ainsi, on ne croit pas vraiment au personnage de Roschdy Zem, crédible en caïd azimuté, mais beaucoup moins lorsque le lascar se révèle philosophe à ses heures, fredonnant l'Opéra de quat'sous...
On regrettera également que les rôles féminins, pourtant incarnés par des comédiennes de talent (Hafsia Herzi, Nadia Tereszkiewicz, Anne Charrier...), ne soient réduits à la portion congrue.
De même, le scénario avance cahin-caha, non dénué de grosses ficelles ni d'invraisemblances.
Je ne suis donc pas étonné que la cinquième réalisation de Roschdy Zem ait connu un accueil plus que tiède de la part du public comme de la critique.
Ce qui ne m'a pas empêché de suivre avec intérêt ce film noir languedocien, qui propose quelques passages surréalistes (l'audition grotesque du rappeur gitan!) et s'achève sur une ultime scène très réussie.