Roschdy Zem est absolument formidable dans Roubaix, une lumière, prouvant, s'il en était besoin, qu'il figure parmi les tous meilleurs comédiens français. En tant que réalisateur, il y a lieu d'être plus circonspect sur ses talents et Persona non grata corrobore cette impression. En Deux ex machina du film, il s'est d'ailleurs donné un rôle où il n'est pas vraiment à son avantage, surjouant le personnage trouble et toxique qu'il est censé être. Et comme Personnaz et Duvauchelle n'ont pas non plus de caractères bien définis à interpréter, avec une psychologie assez floue, pour faire court, le film est déjà plombé par des protagonistes peu aimables, aux faits et gestes peu conformes à ce que l'on nous montre d'eux. Persona non grata s'attache à montrer le monde du Bâtiment comme un nid de compromissions, avec les élus locaux tout aussi pourris, dans un bel élan démagogique mais aussi peu étayé que possible. Le scénario avance cahin-caha, sans liant entre ses différentes intrigues, aboutissant à des scènes parfois déconnectées du sujet principal : l'amitié entre deux entrepreneurs qui ne résiste pas aux aléas de la vie de dirigeant. Dire que le cinéma français n'est pas à l'aise dans le film noir est un peu facile, Melville et quelques autres ont montré le contraire, mais s'y frotter nécessite une écriture un peu plus précise que celle de Persona non grata. Son dénouement, qui frise le ridicule, enfonce le clou d'un film sans unité et sans logique qui de plus ne réserve que la place de potiches à ses personnages féminins.