Pervert ! par Nicolas Montagne
Un film comme Pervert n'est pas du goût de tout le monde. Les accrocs de Kiarostami et Bergman auront peut-être plus de mal à adhérer à cet univers résolument déjanté que des bisseux invétérés qui passent leur temps à mater des films Z en buvant de la bière. Aussi caricaturaux qu'ils soient, ces propos sont néanmoins réels car Pervert est un film extrême. Avec un goût évident pour les grosses poitrines des films de Russ Meyer, le réalisateur ne cache pas son enthousiasme à nous montrer un étalage de chair fraîche (dans tous les sens du terme), et ce pour notre plus grand bonheur.
Mais Pervert est aussi très frais et intelligent, sorte de métaphore de l'animalité masculine, où un vieux pervers cache en fait des talents d'artiste conceptuel aux installations plus que saisissantes (!), et où un jeune premier a des allures de geek absolu, à la limite de la psychose. Entretenant un suspense hilarant, le film ne ménage pas les zygomatiques du spectateur avec les nombreuses scènes de délire liées au sexe ou autres. On notera également la mise en scène assez appliquée du jeune cinéaste, qui n'hésite pas à faire appel aux grandes références de la mythologie des espaces désertiques américains, avec ses rednecks, ses grandes étendues sauvages, ses coyotes et ses indiens. Certaines choses sont complétement hors de propos, mais c'est bien ce genre de délire que l'on attend en voyant un film comme celui-là!