Petit Paysan. (désolé)

Hélas, on ne voit ici ni paysans ni possesseurs d'animaux, ce que sont censés être les Hutus et les Tutsis, qui appartiennent au demeurant à la même tribu, mais en sont seulement les deux "classes" principales à l'image des classes indiennes. Comme dans les médias, on maintient un flou sur les origines profondes du conflit, sans rien expliquer, comme si la violence ne pouvait pas avoir d'explication (et donc de remède), car la violence c'est horrible c'est pas beau hou hou hou. Tout est traité par le prisme des médias, qui adorent la pa$$ion, c'est bien connu. C'est peut-être plus vrai, dans le sens que le récit se fait en majorité du point de vue d'un enfant élevé à la française au dessus de la faim et du besoin, qui appartient à la race blanche du point de vue des Africains, et qui se contrefout de ses origines, à tort ou à raison. (et en effet, il est plus français qu'autre chose en tant que "produit") Fait aggravé par l'attitude du père lorsqu'il s'agit de donner des explications à ses enfants, qui badine sur le gros nez des uns ou des autres. Sans doute pour les protéger, pour ne pas qu'ils prennent parti voire s'embrigadent... hélas, ce n'est pas bien instructif pour nous Européens.
On n'aura donc vu aucune vache, aucune brebis, aucune chèvre, aucun champ dans ce long métrage sur une guerre fratricide entre une classe dominante par le pouvoir et une classe dominante par le nombre. On est complètement en dehors de l'Afrique là, c'est comme si on avait un pied et demi en France, avec ses gares, ses aéroports et ses hôpitaux. C'est pourquoi je pense qu'il est bien dommage d'avoir repris le point de vue du roman.
Pour une plus ample et plus précise compréhension de l'Afrique et ses problèmes, je recommande plus chaudement Ébène, d'un journaliste polonais qui livre certes un récit haché, mais passionnant de ce continent qui n'a d'unité que le nom.