L'os, avec ce genre de documentaire, c'est que si on n'aime pas, on peut vite être catégorisé comme fermé d'esprit, conservateur, néo-nazi (bon, j'en rajoute) ou que sais-je encore... En toute franchise, j'ai beaucoup de mal avec la notion de transidentité. Ce n'est pas pour autant que je rejette les transgenres ou que je dénonce leurs pensées comme des dérives. En visionnant ce documentaire, j'étais tout ouïe.
J'ai beaucoup eu de mal avec la forme qu'a pris ce documentaire, et c'est dommage car le sujet est percutant et dérangeant. Petite Fille réussi une chose : démontrer, ou plutôt persuader, que la dysphorie est subie par le/la jeune Sasha, et on finit bien par n'en pas douter. Ce documentaire veut susciter la compréhension et la compassion, tel un épisode de Strip-Tease.
Mon titre un peu provocateur ne veut donc en aucun cas s'en prendre à la situation du/de la jeune Sasha, mais plutôt au pathos exacerbé et à la partialité dont le film fait preuve. Sébastien Lifshitz veut faire preuve de délicatesse, et il y parvient plutôt bien. Mais la douceur est telle que si on est encore un minimum choqué par ce que l'on voit à l'écran, le film suscite la culpabilité, alors qu'il est normal d'être aujourd'hui chamboulé par cette histoire. En bref, si on a du mal avec les valeurs prônées, on est insensible et traditionaliste. En tout cas, c'est mon ressenti.
En fait, le film cherche trop à rendre cela tragique. Si les pleurs de la mère et de l'enfant son toujours authentiques, le fond de piano et de cordes frottées, qui plus est sur une magnifique pièce de Ravel en fin de film, ça fait beaucoup. En fait, quand un documentaire traite d'un tel sujet de société, je trouve important de faire preuve de davantage d'objectivité.
Mais admettons pour les larmes et les violons. Ce qui est vraiment dommage avec le manque d'objectivité, c'est de ne donner la parole qu'aux défenseurs de la reconnaissance de la dysphorie de genre. Les réactionnaires, quand bien même ils feraient preuve de mauvaise foi, ne sont jamais montrés à l'écran, et n'ont donc pas la place de s'exprimer. Arte confirme cela en désactivant la possibilité de commenter le documentaire sur YouTube, ce qui est totalement inadmissible car ça ne laisse pas la place au débat, reflétant un état d'esprit qui ne me plait pas du tout.
C'est malheureux, mais malgré la délicatesse et l'authenticité dont Petite Fille fait preuve, il cherche à passer son message en force, et en somme ne va que prêcher les convaincus. Je recommanderai plutôt le film Girl, à choisir, qui m'a davantage troublé.
Pour voir le film.