Belmondo sur le toit du métro à Bir-Hakeim

Un film de Verneuil de la grande époque ? Oui, mais avec Verneuil c'est toujours la grande époque. Ce n'est donc pas un critère très discriminant.
On va donc dire que c'est un film de Verneuil taillé sur mesure pour Jean-Paul Belmondo qui joue le rôle d'un commissaire de police qui poursuit un serial killer dans Paris. Ce serial killer intransigeant sur les bonnes mœurs ne s'attaque uniquement qu'aux dames un tantinet libertines. Avec lui, les hommes libertins , eux, ne risquent rien.


Le serial killer est, en plus, instruit car il tire son personnages et ses actions du livre "la Divine Comédie" de Dante et se fait nommer Minos comme un des héros qui séjourne aux enfers. Personnellement, j'ai tenté de lire ce livre à plusieurs reprises dans ma vie mais à chaque fois j'ai dû renoncer à cause de la complexité incroyable ; rien que la première partie fait déjà 300 pages environ et quand, c'est imbitable, c'est vraiment, vraiment très long et dur ...
Néanmoins, pour l'occasion, j'ai un peu pioché le bouquin autour du personnage de Minos et je peux vous dire que le serial killer du film est plutôt un tendre à côté du vrai Minos. Car ce dernier transforme les pécheurs et pécheresses en arbres (vivants) dont les feuilles, qui ne cessent de pousser, sont dévorées au fur et à mesure par des bestioles engendrant de grandes souffrances.
Là, le serial killer du film de Verneuil se contente juste de tuer ses victimes (pécheresses)...


Le film est quand même assez centré sur le personnage du commissaire Letellier, haut en couleur, qui n'hésite pas à tirer dans le tas pour réussir ou non à attraper ou à éliminer un malfrat. Ce commissaire est évidement (un peu) en délicatesse avec sa hiérarchie qui finit par le trouver bien encombrant. De chef de l'Anti-Gang et, après avoir effectué un rodéo gratiné façon cow-boy dans Paris avec tir de voiture à voiture ou dans la foule, est "recyclé" à la Criminelle où il n'a plus qu'à s'occuper des femmes qui se font harceler la nuit au téléphone.
C'est d'ailleurs la grande force de ce film dont on connait dès le début le coupable. Le commissaire n'est pas un super héros infaillible, loin s'en faut. Il a un adjoint (excellent Charles Denner) qui le tempère dans ses décisions à l'emporte-pièce. Il se fait brocarder par l'infirmière (Catherine Morin) qu'il est chargé de protéger à qui il avoue, qu'enfant, il rêvait d'être un gorille qui accompagnait à pied la voiture présidentielle aux USA, une main sur le capot.
Et en effet, le film est émaillé de situations cocasses qui ne sont pas forcément à l'honneur de Belmondo et qui humanisent clairement le héros.
L'autre point fort, c'est évidemment les prouesses physiques et les cascades que Belmondo exécute dans le film (sur les toits, sur le wagon du métro, etc ...) avec toutefois un petit bémol. En effet, le spectateur est bluffé par toutes ces cascades qui sont très bien montées avec la musique qui s'arrête pendant la scène comme si tout le monde retenait son souffle. Le petit bémol c'est la signification profonde de tout ça quand on regarde le film pour la nième fois (ce qui est mon cas) et qu'on sait exactement ce qui va se produire : un chef qui mouille sa chemise, c'est bien. J'entends même certains penser que c'est rare. Mais, ce n'est pas forcément le rôle d'un chef de prendre de tels risques et on se demande bien à quoi sert son équipe à part de tenir des standards téléphoniques.
Et le comique dans tout ça, c'est que lorsque Letellier effectue le boulot (normal) pour lequel on le paye, c'est à dire de réfléchir, l'action ne sert à rien et ne sera pas utilisée (scène dans l'auditorium où Belmondo analyse les enregistrements du serial killer).


Un autre point fort du film ce sont les seconds rôles très bien choisis pour leurs personnalités et qui jouent très bien leurs rôles. Par exemple Charles Denner avec sa voix si caractéristique et si caustique, Rosy Varte en veuve joyeuse, Jean-François Balmer en personnage soixante-huitard anti-flic qui se trouve brusquement "avoir de beaux yeux", Jacques Rispal en bistrot pas très clair soumis à une originale chansonnette, Roland Dubillard en psi, Catherine Morin en infirmière affriolante, etc ...


Au final, c'est un film qui se regarde toujours avec intérêt pour les nombreux excellents numéros d'acteur et aussi pour sa musique d'Ennio Morricone assez inoubliable.

JeanG55
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le 9 mars 2022

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