Un des meilleurs film avec Jean-Paul Belmondo période Bebel superflic, sans doute l'un des plus sombres, aussi, dans lequel notre héros bondissant laisse au vestiaire sa gouaille et ses mimiques pour endosser sa panoplie de mâle viril et mutique, qui s'accompagne d'une implication accrue dans les cascades.
Durant la décennie précédente, Henri Verneuil a gagné ses galons de réalisateur vedette du cinéma populaire, et "Peur sur la ville" est la confirmation de son savoir-faire.
En effet, sa mise en scène efficace participe à installer une atmosphère générale angoissante, matérialisée par l'inquiétant Minos, un mystérieux sociopathe qui harcèle les jeunes femmes célibataires au téléphone, avant de les assassiner en raison de leurs mœurs jugées trop légères.
Pas de bon film sans un bon méchant dit-on, et il est vrai que le charisme et la cruauté de ce tueur sadique et lettré, qui puise ses motivations dans "L'enfer" de Dante, constitue une vraie valeur ajoutée, de même que la façon dont celui-ci finit par être identifié (belle idée de mise en scène).
Henri Verneuil signe donc un excellent polar urbain, qui a marqué mon enfance et pour lequel je garde une affection particulière.
"Peur sur la ville" incarne bien la capacité de Verneuil à proposer un cinéma populaire (4 millions d'entrées en France à sa sortie en 1975), mais non dénué d'ambition cinématographique ni d'une certaine audace de ton, inspiré par les polars américains hard boiled qui fleurissaient alors sur les écrans.