Ce film est un gros bordel assez plaisant, le film commence, semble prendre son temps, on laisse les chansons en entier et puis tout s'accélère bien vite, c'est limite à se demander si le personnage principal n'est pas entrain de rêver tant son destin semble bien vite scellé. Je pense notamment à son évasion de prison qui va tellement vite, je ne suis pas certain que la séquence dure une minute entière et pourtant c'est totalement fou tant tout va vite, tant tout semble à la fois improbable et issu d'un rêve.
Le film garde son côté réellement fou jusqu'à la fin, surtout que De Palma arrive à gérer ses influences, ses références avec beaucoup d'intelligence, comme c'était déjà le cas dans Body Double, parce que si je n'ai pas vu le Fantôme de l'Opéra je suis prêt à parier que ça ne ressemble pas du tout à ça et que De Palma arrive à avoir une identité propre. Il en va de même pour l'apport faustien que je trouve très bien trouvé et qui me donne envie de me replonger dans ce mythe, de finir la peau de chagrin, de lire Goethe (mais peut-être pas relire Oscar Wilde, faut pas pousser)...
Le film ose tout et vu que son univers visuel est totalement déjanté ça passe réellement bien, parce que faire une parodie de psychose, des références au caligarisme dans des décors sur scène, ça peut être vite ridicule, mais ça fonctionne, parce que l'univers le permet. Ce film totalement baroque, totalement loufoque me semble assez unique en son genre et c'est ce qui fait que malgré son rythme effréné il arrive à proposer une expérience qui est inoubliable et marquante. Et parce que De Palma réalise, qu'il maîtrise son beau petit bordel baroque aux influences multiples, qu'il arrive à leur donner un sens, qu'il arrive à les canaliser pour les faire rentrer dans son récit grâce à sa mise en scène que le film est tout simplement bon.
Après je préfère le De Palma de Body Double ou de l'Impasse, mais ce Phantom of the Paradise reste un pur moment de cinéma foutrement jouissif.