Comment ne pas continuer à aimer "Phantom of the Paradise" ?

Avouons-le, "Phantom of the Paradise" est "LE" Film de mon adolescence : cette relecture défiant sans vergogne les limites du kitsch en les appliquant aux mythes (usés) de Faust et du Fantôme de l'Opéra, sans oublier bien entendu Dorian Gray, a été un jalon de ma cinéphilie naissante. Comment ne pas continuer à l'aimer malgré ses "défauts" ? Une pop music grandiloquente mais curieusement touchante - entre pastiche humoristique et émotion sincère, voici un grand écart étonnant ! - coule à flots pendant l'intégralité du film, et la vraie star du Paradise est le "vrai" compositeur (mise en abyme ironique, pour le moins, à travers le sublime "échange de voix" entre Swan et Leach), l'incroyable Paul Williams, vieux bébé hideux perruqué de platine, quelque part entre Howard Hughes et Andy Warhol, fascinant et terrifiant condensé de tous les producteurs démiurges de l'histoire du spectacle. En outre, en stylisant l'action et les personnages, De Palma, qui suit une logique ici plus Kubrickienne que Hitchockienne, lance les premiers jalons de son œuvre future, à travers les thèmes ici encore seulement effleurés du voyeurisme et de la domination et la manipulation par l'image. Mais au final, au delà des considérations nostalgiques ou intellectuelles, il restera toujours pour notre plus grand bonheur une petite poignée de scènes parfaites, comme celle du Phantom composant dans sa cellule technologique, ou encore comme le monstrueux final du film, vision dionysiaque sous acide d'une orgie rock'n'rollienne. [Critique écrite en 2014]

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le 20 oct. 2014

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Eric BBYoda

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