Le plus décevant dans 'Faraon' c'est bien la narration. Non seulement le film de Jerzy Kawalerowicz enchaîne des ellipses de plusieurs années qu'il faut deviner entre les évènements, mais les jeux de pouvoirs qui sont au cœur de l'intrigue sont terriblement obscurs. Entre les complots des prêtres égyptiens d'un côté et les manigances des marchands phéniciens de l'autre, le nouveau pharaon semble être aussi perdu que le spectateur. Le clergé égyptien incarne évidemment les traîtres coupables du déclin du royaume, mais on s'interroge vraiment quant au bien-fondé d'un alliance avec les cupides marchands phéniciens, surtout dans le cadre d'un film de propagande communiste critiquant l'Eglise catholique.
Pourtant, le visionnage d'un péplum égyptien réalisé par des polonais laissait entrevoir une expérience enrichissante. Les costumes, les décors et les paysages de l'Egypte antique sont très réussis, malgré une certaine austérité qu'on retrouve dans la narration. La bande-originale anachronique composé de chœurs religieux s'intègre plutôt bien au récit. Malheureusement, ces choix de mise en scène finisse par écraser le film sous une imagerie pompeuse et un rythme soporifique. On ne se souviendra que d'une charge guerrière dans les dunes surréaliste, et de l'apparition très érotique de la prêtresse Kama (interprété par la séduisante Barbara Brylska).
Un calvaire, malgré une reconstitution historique intéressante.