A des milliers de kilomètres du cinéma hollywoodien dans le genre du péplum, misant pratiquement toujours sur le pompeux et le spectaculaire, la vision de l'Egypte antique de Jerzy Kawalerowicz s'attache surtout à la profondeur et la réflexion autour du Pouvoir (d'ailleurs on ne peut guère s'étonner que le film soit adapté du roman favori de Staline !!!). Ne sont vraiment spectaculaires dans le sens classique du terme que quelques courtes scènes de batailles, des mouvements de foule avec énormément de figurants et une reconstitution magistralement précise et grandiose de la vie à cette époque.
Le Pouvoir (avec un "P" majuscule !!!) est celui que cherchent à conserver les prêtres et celui que le nouveau jeune pharaon Ramsès XIII (qui n'a jamais existé dans la réalité puisque le compteur des Ramsès s'arrête à XI !!!) cherche absolument à gagner. Si le fond de l'histoire est foncièrement anticléricaliste, le pharaon, malgré son idéalisme et un certain humanisme, n'est guère épargné car montré comme arrogant, mégalomane et peu talentueux en ce qui concerne le don de la dissimulation, indispensable aux prédateurs politiques.
On va avoir le droit à une suite d'intrigues de couloir, de manipulations de foules, à des meurtres avec comme toile de fond le déclin d'une des plus grandes civilisations de l'Histoire superbement restitué. On peut juste regretter que certaines intrigues secondaires ne soient pas exploitées à fond mais cela est certainement dû au fait que la version originale de 3 heures a été raccourcie à 2h24...
On signalera aussi une photo splendide qui donne l'impression d'avoir affaire à un film nettement plus récent, deux bombasses parmi les actrices, pour cette superproduction polonaise, qui ne ressemble à aucun autre film par sa singularité et son ambition, qui est certainement LE film sur l'Egypte antique.