Jamais aussi vite je n'avais fini la filmographie d'un réalisateur. A l'image de Charles Laughton, Saul Bass, légende de la réalisation de générique (Hitchcock, Preminger, Scorsese, Wyler, Kubrick), n'a réalisé qu'un seul film. Et quel ORNI (Objet rampant non identifié) !


Phase IV est un film de science-fiction horrifique, qui remplace le xenomorphe Alien par des fourmis. Des putains de fourmis !! (m'est avis que Ridley a vu ce film avant de réaliser le premier Alien, et s'en est largement inspiré). Le synopsis est simple : deux scientifiques, un fanatique instable et un ingénu rationnel, étudient un phénomène étrange de socialisation entre différentes espèces de fourmis, qui s'attaquent à plus gros qu'elles.


Ce film démarre et se finit (et est traversé, aussi) par des plans et des idées visuelles qui marquent la rétine. De long-plans mystiques sur les paysages désertiques (après une ouverture de 8 minutes ne montrant que des fourmis en gros plan), sur des soleils couchants. Elles donnent une patine incroyable à ce film, et le place à la frontière de notre monde.


Ensuite, deux idées picturales magnifiques m'ont frappé. D'abord, personne ne semble avoir filmé les boutons d'un centre de contrôle avec tant de réalisme que Bass (je ne saurais dire comment il y arrive). Mais la scène qui m'a marqué, est celle des gros doigts du scientifique fanatique cherchant frénétiquement une fourmi parmi des objets divers posés sur une table. C'est simple, mais tellement magnifique.


Il y a ensuite cette voix-off, neutre, et rationnelle, qui explique la situation par la démarche scientifique menée sur ces fourmis. Malheureusement pour ce film, il l'enferme dans un huis-clos, relativement peu intéressant, dans lequel est intégré un troisième personnage féminin, encore plus inintéressant.


Et cette fin, ouverte, qui rend compte de l'intelligence des fourmis, et de la condamnation irrémédiable de l'humanité. Elle souligne surtout la métaphore filée, peut-être évidente, qui fait le parallèle entre homme et fourmi, dans son utilisation des autres êtres vivants dans ses expérimentations, mais surtout dans sa volonté expansionniste et guerrière, et la négation de l'individualité nécessaire pour atteindre cet objectif.


Finalement, je crois que ce film rentre dans la catégorie de film de science-fiction/fantastique un peu fauché, mais bourrés d'idées que j'adore, et il prend un bonne place aux côté d'Apocalypse 2024, La Dernière Vague, et Rollerball. Du coup, malgré son côte un peu kitsch, ce film mérite d'être découvert, car grandement novateur.

Créée

le 3 mars 2021

Critique lue 33 fois

Agregturp

Écrit par

Critique lue 33 fois

D'autres avis sur Phase IV

Phase IV
Gand-Alf
8

Quand les fourmis domineront le monde.

Génial créateur d'affiches et de génériques mythiques pour des cinéastes tels que Alfred Hitchcock ou Otto Preminger, Saul Bass passa à la mise en scène à une seule et unique occasion, pour les...

le 12 mars 2016

38 j'aime

1

Phase IV
JasonMoraw
7

Les fourmis et l’art de la guerre

Le dérèglement comportemental des fourmis de l’Arizona provoque un déséquilibre de la biodiversité animale. Très vite, leurs prédateurs naturels disparaissent : araignées, mantes religieuses, et même...

le 5 juil. 2021

23 j'aime

14

Phase IV
Theloma
8

Quand les fourmis crôondent

Les fourmis de Saul Bass ne mesurent pas 18 mètres (et n'ont pas de chapeau sur la tête) comme dans Des Monstres attaquent la ville (Thems -1953). Elles n'attaquent pas non plus en meute affamée...

le 20 juin 2020

22 j'aime

13

Du même critique

Adieu les cons
Agregturp
8

Les Choses de la Vie

Je ne pleure que très rarement devant un film. J'ai beau être quelqu'un d'émotif, presque à fleur de peau, mais le cinéma, malgré toutes les émotions qu'il parvient à me procurer, a toujours échoué à...

le 7 avr. 2021

6 j'aime

2

Don't Look Up - Déni cosmique
Agregturp
9

2020s in a nutshell

Satire égratignant son époque, la nôtre, la mienne (j'ai 25 ans, en cette toute fin Décembre 2021) à la quasi-perfection, Adam McKay réussi, dans Don't Look Up, un film total, drôle et mélancolique,...

le 29 déc. 2021

5 j'aime

2

Cloud Atlas
Agregturp
8

Adapter le roman inadaptable qui m'a forgé

Remontons en arrière. J'ai 15 ans, je suis en première, et avec ma meilleure amie, Pauline, nous regardons en boucle cette bande annonce de 6 minutes, hypnotisante et mélancolique, mêlant à des...

le 15 juil. 2021

5 j'aime

2