Je mets 6 parce que vraiment, ça ne laisse pas de marbre, et tout est tellement bienveillant et soigné qu'il m'est difficile de mettre moins. Comme hymne à la tolérance, on fait difficilement plus travaillé et abouti. Maintenant, voilà. Pensez à tous les clichés larmoyants du cinéma. Aux scenarii cousus de fil blanc, à la décrépitude physique du héros minute après minute, aux forces du bien contre la morale pas belle du tout méchante morale va, aux musiques qui nous indiquent quand il faut pleurer, quand il faut avoir les yeux rouges, quand il faut vibrer ou quand il faut serrer fort la main de sa copine parce que, c'est vrai quoi, c'est beau un homme qui meurt avec des convictions. C'est bon, vous les avez en tête ? Philadelphia en contient encore cent fois plus, rien que dans sa dernière demi-heure.
Je ne vais pas passer cette critique à dézinguer le film (un peu en fait), tant le misérabilisme est voulu et pleinement assumé. C'est difficile de saquer l'essence même d'un film, sa volonté suprême. Mais c'était trop. J'ai regardé le film avec une personne qui pleure souvent devant les films, et résultat des courses : pas une larme. Pas une larme parce que l'émotion est d'une telle lourdeur qu'elle en devient gênante pour le spectateur. La gêne. La gêne comme ces affreux gros plans sur les visages, comme ces regards caméra systématiques pour impliquer le spectateur. Je ne me suis pas senti impliqué mais pris en otage. Le plus étonnant, c'est que l'on sent la même gêne chez les personnages. Je n'ai pas aimé ces partis pris. Même Drake Doremus aurait dit après avoir vu le film "c'est quoi ce film de fragile.". Il me fait penser à Danish Girl. Je m'étais senti obligé d'avoir de l'empathie pour un personnage qui n'était pas particulièrement attachant.
Puis, entre nous. Tu veux faire lâcher une larme, une vraie, tu rajoutes une chose à la fin - on est plus à ça près : la mort du héros, montrée à l'écran, sur la bo du film. Là, même moi j'étais en larmes. A la Bodyguard. En bref, Tom Hanks est très bon, Denzel Washington touchant mais pas exceptionnel (plé, plé, pléonasme), Antonio Banderas aussi anecdotique que la carrière de Marilou Berry au cinéma, Néanmoins, et malgré ces défauts, on ne peut pas dire que Philadelphia soit un mauvais film ou qu'il ne soit pas utile. Même dans ses moments d'extrême pathos, il percute en plein cœur, ou tente frénétiquement, et c'est encore plus évident quand on connait son sujet, sa date de sortie et l'environnement dans lequel le film fut accueilli. C'est nécessaire, j'imagine.