Philomena Lee, c'est d'abord une adorable petite grand-mère, à la fois innocente et malicieuse. Mais elle sait aussi toucher juste et malgré les apparences (notamment au début), elle a toute sa tête et compte bien s'en servir pour retrouver son fils, vendu par les sœurs du couvent où elle était enfermée. Un duo explosif, qui ne manque pas d'humour mais aussi de justesse et de tendresse, magnifiquement incarné par Judi Dench et Steve Coogan, ex-membre du cabinet du Ministre des Transports britannique, en même temps méprisant et méprisable par son cynisme et son arrogance.
Alors que Philomena symbolise la religion comme vecteur de valeurs (la miséricorde par exemple) et moyen de transcendence des hommes, Martin Sixsmith représente l'athée stupide, ne se posant pas les bonnes questions sur la religion, focalisant sur l'injustice divine, s'intéressant à l'affaire de Philomena uniquement parce qu'elle jette le discrédit sur un ordre religieux et répétant à longueur de temps "fucking catholics !".
Certes, les nonnes ont vendu des enfants, séquestré des jeunes mères en profitant de leur ignorance et portent un coup douloureux à la religion (cette histoire est entre autres inspirée de faits réels). Mais si "Dieu ne doit pas pâtir des sottises des prêtres" (Voltaire), que dire des nonnes ? Par ailleurs, ces jeunes femmes sont également responsables de leur situation comme de leur ignorance. Ici, Stephen Friars ne semble pas réellement faire un procès à l'Eglise. Il opte plutôt pour la tempérance à travers le personnage de Philomena qui affronte ce que nous pensons tous un peu ("fucking catholics !" en l'occurence) incarné l'impulsif Martin, plein d'idées préconçues le poussant à un procès expéditif de la religion.
Si la qualité des dialogues, accompagnée d'un anglais britannique dont mes oreilles se délectent, est irréprochable avec un humour british cinglant à mourir de rire, je suis un peu déçue par l'intrigue. Je trouve qu'il y avait quelque chose à creuser du côté de la sœur de Michael, Mary, même si Martin s'est brièvement interrogé sur son comportement. On a d'ailleurs rarement entendu parler des parents adoptifs de Michael. Peut-être est-ce dû à la focalisation interne du film, si l'on peut dire (comme Philomena ne sait pas, nous non plus). Pour moi, l'intrigue aurait pu être plus fouillé et plus riche en rebondissements.