Bruce Willis superstar!
Enfin après ce film. Jusqu'ici quelques comédies et surtout la série Moonlight avec Sybil Sheperd.
Mais McTiernan, après un fabuleux Prédator, où il utilisait parfaitement Schwarzenegger et son image de star de films d'action façon eighties, va propulser Bruce en pleine lumière hollywoodienne.
En confirmant son indéniable talent, McTiernan en profite pour révolutionner l'image du héros, l'eloignant des standards à gros bras du moment. Loin d'être un costaud surgonflé maniant pétoires aussi grosses que lui et/où distribuant de la mandale à qui mieux-mieux, ce John McLane, comme Pinot n'est qu'un simple flic, ni outrageusement musclé ni expert en arts martiaux.
Alors certes, on sait qui va gagner à la fin, mais ici le chemin vers la victoire sera plus ardu et chanceux qu'ailleurs. Notre héros nouveau se sort de moments tendus plutôt avec sa tête qu'autre chose. Là où d'autres héros débitent des punch-lines moquant ou effrayant les méchants, ici McLane, avec une gouaille amusante et bravache, le fait plus pour se donner du courage dans les invraisemblables situations où il se fourre (conduit de ventilation, varappe en tuyau d'arrosage...).
Basé sur un roman de Roderick Thorp, le scénario, s'il en garde le pitch principal, modifie radicalement les personnages, sans aucun doute pour ne pas effrayer studios, producteurs, voire spectateurs. McLane d'abord, Joe Leland dans le livre. Au ciné c'est un Bruce pratiquement débutant, dans le bouquin c'est un flic retraité reconverti en privé dont la réputation à été salie dans une affaire sordide. Il ne vient pas visiter sa femme mais sa fille. Les terroristes y sont de vrais terroristes tendance ultra-gauche et pas des braqueurs déguisés en terroristes. Al Powell est un jeune flic sans beaucoup d'expérience et pas le flic traumatisé du film.
Formellement c'est une grande réussite, McTiernan utilise tout l'espace fermé dont il dispose. En y alliant un savoir-faire indéniable en terme de rythme et de cadrage, le réalisateur s'amuse à malmener ses personnages du parking souterrain au toit de ces "40 étages en otages".
Les "gunfights" et autres scènes d'action, grâce à un montage précis, sont toujours très claires. Parmi les moments forts, l'explosion (aux dégâts limités par l'intervention de McLane) d'une bombe au sein même des rouages de l'immeuble, fût à l'époque une véritable prouesse question fx, entre maquettes, plans réels et effets numériques balbutiants. Avec la mort de Gruber (chûte vertigineuse) et sa palette frisant la perfection, le travail sérieux des équipes se ressent et permet l'immersion totale dans cette soirée de Noël si particulière.
Il ne serait pas juste de conclure sans écrire un mot au sujet de l'antagoniste de McLane car si Bruce est parfait dans ce renouveau du héros hollywoodien, le film ne le serait pas sans un méchant digne de ce nom.
Si les terroristes sont une douzaine, peu d'entre eux sont réellement développés, quelques figures identifiées par une présentation rapide (à l'instar des acolytes de McLane) des caractères avec quelques lignes efficaces ou une "gueule" remarquable. Par exemple, un expert en coffre-fort, un asiatique abonné à la figuration active dans nombres bobines des 80's et 90's, un ex-danseur russe reconverti en acteur à la mâchoire serrée... Mais il y a Hans Gruber, le chef du commando empêcheur de festivités, incarné par Alan Rickman avec grande classe. L'acteur britannique, à l'époque plus habitué aux planches qu'à l'écran, aux classiques qu'aux films d'action, apparaît là dans son premier blockbuster. Le futur prof de potions d'Harry Potter y semble aussi à l'aise que dans un Shakespeare.
McTiernan propose avec Die Hard premier du nom un actionner qui deviendra un classique du genre.
Chef-d'œuvre Yipikayisant !!!