"Willis and the poor girls" (vrai titre du film).
Que dire de "piège en eaux troubles"? Que j'ai marché à fond, que je suis tombé dans le panneau. Pendant le collège, c'était pour moi la découverte du cinéma d'action et d'aventure. Adorant Bruce Willis depuis mon dépucelage sur "Piège de cristal", j'enregistrais tous les films dans lesquels il a joué. Aussi bien "l'armée des 12 singes" que cette semi-bouse, je prenais le bon et le mauvais qui passait la télévision, voulant à tout prix voir et revoir ce bonhomme, l'anti-héros parfait, avec sa voix française "à la Bugs Bunny" et son humour non-sens qui faisait le charme de son personnage dans Die Hard 1.
"Pièges en eaux troubles", qui surfait, comme le démontre son titre, sur la vague "Piège de cristal, n'a pas tout à jeter. C'est un film avant tout vulgaire, vulgaire par ses coiffures (Bruce Willis, sa calvitie... ses cheveux mi-longs sur la nuque ; la palme revenant à Tom Sizemore pour une coupe très "années 90" (pire que les 80's) d'une grossièreté qui n'a d'égal que l’inconvenance de son personnage), les affrontements et joutes d’insultes répétitives entre Brion James et Willis : « va crever dans ta rivière espèce de rat ! », spirituel. Même Sarah Jessica Parker est vulgaire quand elle apparaît au bal de la police en jupette rouge moulante.
L'intrigue est du niveau de "la serpillière chauffée dans le micro-onde" que Bruce Willis met sur son front pour faire passer sa gueule de bois, c'est une pseudo-bonne idée, un scénario déjà existant, c'est "le silence des brebis" transposé sur ce qui constitue sans doute la seule réelle originalité du film, l'environnement. Le fleuve de Pittsburg. Ce qui lui confère une atmosphère plus ou moins captivante mais intéressante, étouffante, une ambiance moite, malsaine, dégueulasse comme la couleur du fleuve.
La police fluviale, c'est vrai que ça change de l’ordinaire. Mais malgré tout, cette série B commence par une poursuite en voiture, ultra académique, « vulgaire » elle aussi, et pas du tout crédible : c’est aussi sérieux que la poursuite débile à la fin des « Blues Brothers » de John Landis. Parfois je me marrais vraiment : Bruce Willis qui se dépêche de sauver son cousin qui s’apprête à se jeter du haut d’un pont. La claudication de sa démarche, à cause de ses béquilles, est hilarante.
Manque d’un réel rythme, d’un méchant digne de ce nom. Il aurait fallu plonger dans tout autre chose que la condition de « swamp cop » alcoolique (« flic des marais ») de Willis. Il y avait matière à faire autre chose (comme dans tous les films ratés…) il y avait moyen de se centrer sur des sujets autrement intéressant : la déchéance d’une famille de flics, Willis se démêlant avec la justice et la grande famille des flics de Pittsburg pour démontrer que le meurtrier est un flic.
Le vrai « piège » du film, c’est d’être appâté par le titre ; et "les eaux troubles", c’est l’ensemble du film : un brouillon vulgaire et mouillé, ...Raté.
Il faudrait rajouter la rubrique "pas envie de le revoir", c'est ce que j'aurai précisé sur SensCritique après l'avoir vu hier soir.