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Pink Flamingos
6.4
Pink Flamingos

Film de John Waters (1972)

Il fut un temps où il y avait une course au mauvais goût et au répugnant dans le cinéma underground des années 70. Le dégoûtant et le choquant semblaient avoir le vent en poupe.

Et au milieu de films horrifiques se vantant d'êtres des reconstitutions documentaires insoutenables comme Cannibal Holocaust et I Will Spit on Your Grave, un certain John Waters se pointe avec un premier long métrage réalisé avec sa troupe de troubadours déglingué et une Drag Queen obèse. Les "Dreamlanders" se lancent à la conquête du septième art, avec un pied de nez au bon goût et aux valeurs pures.


Pink Flamingos raconte l’histoire de Divine, une drag queen réputée comme étant la personne la plus sale au monde. Vivant dans une caravane avec sa mère obsédée par les œufs, son amie Cotton et son fils Crackers, elle voit sa tranquillité mise en péril par le couple Marble, deux gugusses excentriques qui veulent voler son titre de "filthiest person alive".

Une histoire complètement absurde pour un film complètement absurde ! Croyez moi, chaque minute de ce film est une véritable surprise qui va crescendo dans le mauvais goût et le crade. Mais je vais un peu trop vite, commençons par expliquer ce qui saute aux yeux tout de suite.


Soyons franc, cinématographiquement parlant, ce film est une poubelle. C’est tourné avec le cul, il y a zéro technique, les acteurs évoluent sur des plans fixes et ils jouent pas trop bien, et le scénario est vraiment idiot. Rajoutez à ça un mauvais goût volontaire et une photographie laide, vous obtenez un film vraiment répugnant et qui peut en dégoûter plus d’un, pas seulement parce que c’est trash, mais aussi parce que c’est fait avec les extrêmes moyens du bord; le film dégage un parfum d’amateurisme à la réalisation qui peut faire soupirer les plus pointilleux des cinéphiles.

Et je dois avouer qu’au début, j’ai été assez sceptique face à ce film, mais après revisionnage et mûres réflexions, j’ai compris tout son génie.


Comme dit plus haut, ce film est une ascension dans les délires de mauvais goût, et c’est ce qui fait tout son intérêt en réalité ! À l’image d’un torture porn ou d’un slasher gore, Pink Flamingos exploite la violence et la saleté dans le seul but de divertir. Mieux encore ! John Waters peut se vanter d’avoir créer une sorte de big boss des films dégueux (hors films d’horreur expérimentaux). Car croyez moi on est servi : du sexe, des animaux morts, des gros mots, des exécutions, des travestis, du vomit, du trafic d’êtres humains et j’en passe, le tout dans une ambiance complètement absurde et décalée.

Mention spéciale pour la scène de fin que je ne vais pas décrire en détails mais qui implique les excréments d’un gentil petit toutou et notre Drag Queen potelé.


Parlons en tiens, de Divine. La reine de la saleté. À la fois répugnante et charismatique, la Drag Queen est un des personnages les plus marquants du cinéma de troisième zone. Meurtrière, nymphomane, rancunière et complètement folle, elle mérite de très loin son titre de personne la plus sale sur Terre.

Mais les autres acteurs aussi apportent leur lot de charme dans ce gratin de vomit couvert de paillettes. Bon, ils ne jouent pas tous très bien et récitent leur texte comme des machines, mais leur présence rend le film encore plus crado, la grand-mère obèse à moitié nue, Raymond Marble l’exhibitionniste aux cheveux bleus ou encore Channing, serviteur des Marble à la fois victime et bourreau.

Et justement, ces dialogues qui sonnent comme du par cœur monocorde renforce l’idée qu’on regarde une pièce de théâtre expérimental et avant-gardiste, mais en mieux.


Et même malgré l’aspect trash et les acteurs charmants malgré eux, il y a deux trois éléments qui ajoutent un charme coloré et vintage au film. La musique est cool, bien que peu présente, les dialogues sont hilarants et l’humour absurde marche bien sans être tout le temps immonde. Après, l’humour est quand même assez spécial, certaines scènes deviennent presque plus gênantes que drôles.

Entre comédie, film porno bizarre ou œuvre expérimentale, c’est un vrai mille feuilles de genres mis bout à bout pour fasciner et choquer le spectateur.

Et c’est cette alchimie si bizarre et sale qui fait de Pink Flamingos un film génial. Un film volontairement laid et dégoûtant où le personnage principal arrive à être à la fois fabuleux et immonde. Même les décors sont gris et moches, c’est dire !

En fait, je pense que Pink Flamingos dénonce et participe à la course au crado dans le cinéma. Un best-of d’atrocités qu’on pense impossible à voir sur un écran et qui sont pourtant montrés de manière décomplexée et moqueuse. C’est limite si à la fin du film le réalisateur apparaîtrait pas à l’écran pour dire : «Ça y est les gars, je l’ai fait ! J’ai crée le film le plus sale et barjo de l’histoire !»


Il y a peu de films qui ont réussi à me captiver et à me dégoûter en même temps, mais celui-ci m’a en plus permit de rigoler un bon coup à travers un mindfuck vintage à l’américaine. Bien sûr, en tant que film underground réalisé avec un budget misérable et des acteurs qui devaient probablement être des bénévoles, il a son lot de défaut qui font vieillot et amateur, mais c’est ce qui fait son charme aussi. Un charme répugnant qui porte pourtant une belle perruque blonde et du rouge à lèvres flashy !

Arthur-Dunwich
8
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Créée

le 6 juil. 2022

Critique lue 25 fois

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Arthur Dunwich

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