Pink Flamingos, ode à la répugnance, chantre du mauvais goût à tout étage, ne l'a-t-on pas venu venir, je vous le demande ?
Non, nous n'avons vu que les drames qui vouvoient et les films d'auteurs qui merdoient. Puis sort de son cabinet John Waters, son crime à la main : Pink Flamingos. Un film que Zola, dans sa quête de la répugnance de l'être humain, aurait adoré visionner. Plus proche, il ne fait aucun doute qu'il s'agit du meilleur porno de Nabe.
On plonge avec appréhension dans le vomi, puis, haut le coeur passé, on réalise que c'est pas si différent d'un bon bain thermal, la propagande hygiénique en moins, l'odeur en plus. Puis intérêt double vis-à-vis des bains thermaux : Pink Flamingos ne donne pas faim.
Du coup, moi, sans savoir pourquoi, j'aime bien Pink Flamingos. Tout me dégoûte, mais je dois être un peu trop humain pour ne pas parvenir à refuser le spectacle. Et surtout, voir une bande de pote marginaux mener leur crime contre le cinéma jusqu'au bout tout en se trouvant être des dieux du mauvais goût, moi je trouve ça chouette, ça me rappelle les Sex Pistols.
Depuis, John Waters, ce type sans talent, a envahi toute la culture underground, et nous rappelle constamment à quel point tous ces codes artistiques, toute cette notoriété, toute la gloire des cuistres est profondément vaine. Donc quitte à nous faire avaler de la merde, pourquoi ne pas choisir d'être servi par ceux qui assume la vraie nature de leur plat ?