Il me sera difficile de rester objectif en parlant de ce film, tant Pink Floyd est pour moi un groupe culte et nécessaire à mon existence. Un groupe qui depuis que ma mère m'a offert pour mes dix ans le vinyle de l'album "Wish you were here" avec ces mots, tiens désormais tu es assez grand pour comprendre et apprécier, m'a toujours subjugué, j'ai écouté beaucoup de musique, je la pratique, j'ai même organisé des concerts et des raves, je suis devenu dj, j'ai eu ma période punk, ma période new wave, je suis passé par le rock, le jazz, la funk, l'electro et tant d'autres styles, sans oublier hip hop et reggae, mais toujours Pink Floyd est resté et demeurera mon plus grand groupe.
Alan PARKER nous envoie une expérience cinématographique rare, où chaque plan sublime la musique du groupe ou plus exactement la musique de Roger WATERS interprété par le groupe.
Car si au départ "the wall" est l'un des albums phare du combo britannique il est surtout le condensé des thèmes qui jalonneront tout au long de sa carrière les textes et musiques de Waters, l'absence du père et sa mémoire idéalisée, sa relation aux femmes entre ses amours déçues et sa mère étouffante, une certaine critique d'une Angleterre traditionnelle.
Mais la véritable clef pour comprendre le message principal de cette oeuvre, a été donnée par Roger WATERS, lorsqu'il explique en avoir eu l'idée après un concert où le comportement des fans lui avait semblé particulièrement infecte.
Il raconte que des bousculades avaient blessés quelques spectateurs et que malgré cela, les gens continuaient à scander le nom du groupe, qu'il s'était mis à cracher au visage des spectateurs du premier rang qui continuaient à applaudir ses moindres faits, sans aucune critique, sans aucune remise en question. Il y aurait vu les prémices de l'endoctrinement des foules, devant un leader un peu charismatique ou auréolé d'une aura quasi mystique. Il s'est mis alors à imaginer ce mur, derrière lequel il s'isolerait de cette agitation, et dont les briques seraient ses angoisses et ses actes manqués.
Alan PARKER, tout en donnant à sa mise en scène assez de richesse et de profondeur pour que différents niveaux de lectures, chacun aussi pertinent que le précédent, soient possible, décide en même temps de centrer son récit sur cet aspect de l'oeuvre.
C'est pourquoi la liste des morceaux diffère du disque, que des orchestrations ont été modifiées, certains titres inédits en disque ou bien que l'on retrouvera sur l'album "the final cut" suite et fin de "the wall" selon son créateur.
L'absence de dialogues durant la quasi totalité du film, nous oblige à redoubler de vigilance à l'écoute des paroles, et si l'image se marie avec les propos, les deux sont remplies de symboles et jouent avec les grilles de lectures. Les séquences animées sont d'une force qui encore aujourd'hui, encore après un énième visionnage me laissent sans voix. Et je découvre encore des petits détails et je suis encore ébloui devant ce film.
Je vous l'ai dit il m'est impossible de rester objectif devant ce film, sa narration, son esthétique, sa profondeur et sa complexité me bouleversent à chaque fois.
Dans mon panthéon personnel, il est sur le podium des films que j'aime le plus et je pense qu'il n'est pas prêt d'en descendre.