Pinocchio est le Second long métrage de Disney et l'un des plus bluffants techniquement. Si son histoire et sa morale sonnent forcémment vieillots de nos jours, des personnages très attachants contrebalancent cet aspect et rendent ce film d'animation un incontournable de Disney.
Le Premier âge d'Or de Disney a débuté comme on le sait dès son premier film, avec le triomphe critique et public de "Blanche-Neige et les Sept Nains". Avec son second film, Walt Disney désirait garder un niveau de qualité semblable, voire supérieur à son essai devenu coup de maître. "Pinocchio" bénéficie donc d'une qualité artistique remarquable. Comment peut-on se rendre compte qu'il date bel et bien des années 40 avec un tel niveau de perfection dans les dessins ! Même des dessins animés réalisés de nos jours -et avec l'outil informatique- n'égalent pas ce niveau de détail. Les décors de Pinocchio, ainsi, égalent sans problèmes les toiles de Blanche-Neige. Le village italien où se déroule l'action est magnifiquement représenté et les décors plus effrayants renvoient bien une impression glauque à faire frissonner les enfants. Quant aux personnages, leur animation ne souffre d'aucune critique. Les personnages se meuvent de manière parfaitement naturelle, que ce soient les humains ou les animaux. Bref, la réussite visuelle de Pinocchio est remarquable, d'un niveau extrême, que bien peu de films d'animation ont pu égaler par la suite. Ceci est d'autant plus remarquable que le film profite a plein des progres technologiques de l'époque. Pouvoir se déplacer dans les décors, simples dessins, avec une telle fluidité est réellement bluffant, même plus de 70 ans après. Aucun doute, avec ce film, le pari de dépasser Blanche-Neige techniquement a été relevé. La musique, elle, moins synchronisée avec les mouvements que dans ce dernier, n'en reste pas moins de très bonne qualité et soutient l'action avec brio. Les chansons sont agréables, mais peut-être moins marquantes que dans certaines autres productions, exceptée bien sur la mythique et bien connue "Quand on prie la bonne étoile", devenue depuis l'hymne de Disney. Les autres chansons sont joyeuses, mais plus passe-partout et oubliables. Mais faisons court, c'est tout simplement impressionnant de remarquer un tel niveau de qualité pour un film de cet âge !
Concernant le récit que cette perfection artistique englobe, il repose sur une version édulcorée du personnage principal qui passe de garnement insupportable à un gentil garçon seulement naïf et influençable. La morale est par contre explicite : un enfant doit savoir résister aux tentations, rester dans le droit chemin et obéir aux règles et ordres des adultes, sans quoi il ne mérite rien de plus que d'être un âne ou un pantin de bois. C'est donc un film particulièrement moralisateur, dont le message a en plus particulièrement vieilli, ce qui le rend moins universel et peut-être moins agréable sur certains aspects pour les spectateurs modernes et adultes. Paradoxalement, la violence, suggérée ou non est très présente, faisant de Pinocchio l'un des Classiques les moins "fleurs bleus" du label, et donc l'un des moins accessibles aux enfants. Entre Stromboli et la façon dont il traite le petit pantin, le cocher, Monstro la baleine, mais surtout, la transformation en âne des enfants et l'île des plaisirs particulièrement glauque, les scènes effrayantes sont légions et provoquent de vrais malaises. L'histoire est menée tambour battant, l'action étant bien présente et malgré quelques longueurs présentes ici ou là (comme la scène sous l'océan), le récit est bien maîtrisé.
Les personnages sont également une grande force du film. Pinocchio est un garçon auquel on s'attache facilement et que l'on suit avec plaisir dans son évolution. Néanmoins, c'est dans la galerie de personnages qui gravitent autour de lui que l'on trouvera les personnages les plus attachants et marquants. Il en est ainsi de Gepetto, qui malgré ses apparitions au final assez sporadiques remporte une adhésion immédiate et ses animaux, Cléo et Figaro, dont le rôle très secondaire et humoristique ne parvient pas à entacher l'aura. Voir le chaton se comporter tel le nouvel aîné d'une famille est particulièrement savoureux, aussi amusant qu'adorable. Mais bien sur, il est impossible d'évoquer les petsonnages sans parler de Jiminy Criquet, dont l'irrésistible aura dépasse largement le cadre du film. Personnage au potentiel immense, il est à la fois très aidant et maladroit, fier de sa tâche et pas toujours très sérieux. Son penchant marqué pour la gent féminine et ses répliques inventives lui permettant au final d'exploser son capital sympathie. Rien d'étonnant à retrouver ce personnage dans d'autres productions Disney tant il porte le scénario.
Pinocchio est donc un film réussi, qualitativement excellent, avec des personnages irrésistibles, qui ne souffre finalement que de son message vieillot et ses chansons un peu flaibardes. C'est un film qui fait peur, qui présente des méchants tous plus abjects les uns que les autres, mais qui fait rêver en la réalisation de nos rêves et où tout se termine bien, bref, la magie Disney en action !