Tout le monde croit connaître plus ou moins l'histoire de Pinocchio. Et tout le monde sera tenté de répondre "C'est l'histoire d'un petit garçon de bois dont le nez grandit quand il ment". Et bien non, pas du tout ! J'ai regardé le Disney récemment, et j'ai été surprise de constater que son nez ne s'allonge que dans une seule scène. Ce qui m'a plus surprise encore, c'est de ne pas le constater justement. Tu regardes le film en entier et tu ne réalises pas. Mais après tu te dis : mais en fait son nez ne grandit jamais ! Sauf dans une scène, où la Fée Bleue explique très clairement ce que cela symbolise, disant quelque chose comme "Les mensonges deviennent de plus en plus gros, jusqu'à ce qu'ils finissent par se voir comme le nez au milieu de la figure". Un mensonge en entraîne un autre, un petit en entraine un gros, c'est tellement vrai et pourtant on n'en tient jamais assez compte, on l'oublie toujours. Et son nez ne s'allonge pas à l'infini, il faut le savoir. Arrivé un certain point, il se charge de branches, de feuilles, de niz, d'oiseaux, puis les feuilles flêtrissent,...
Pinocchio c'est juste l'histoire d'un petit garçon de bois qui va faire tout ce qui n'est pas bien, vu qu'apparemment c'est le seul moyen pour lui découvrir que ce n'est pas bien, et d'apprendre à devenir digne d'être un vrai petit garçon. Le seul moyen pour lui, mais il aurait pu éviter bien des soucis en écoutant un peu plus sa conscience. Apprendre de ses erreurs... Je suppose que c'est le principe de Pinocchio. Mais apprendre de ses erreurs, moi j'ai toujours trouvé ça bête de devoir en arriver là. Et puis Pinocchio, je ne l'aime pas. Il est là, tout nouveau et déjà mauvais, comme si par essence c'était le mal qui dominait. Il n'est pas méchant, juste naïf ! C'est vrai, on dirait à première vue. Mais sa naïveté, ce n'est pas de la naïveté innocente, c'est de la naïveté intéressée ! Tu peux très bien croire tout ce que les gens te racontent mais ne pas te laisser tenter. Oui Monsieur, je veux bien croire que vous allez m'apporter la célébrité et la richesse, mais je n'en veux pas. Non merci, au revoir. On peut dire qu'il ne fait qu'écouter les gens qu'il croise, et les suivre aveuglément. Mais alors pourquoi ne suit-il pas aveuglément les conseils de son père qui lui a dit d'aller à l'école ? Ou ceux de Jiminy ? Non, Pinocchio est un méchant, je ne l'aime pas. Après, j'aime bien l'histoire quand même. J'aime bien toutes les histoires qui disent que ce n'est pas bien d'être méchant de toute façon.
Pinocchio t'apprends donc que si tu es un méchant petit garçon, tu deviendras un âne. Ce qui est profondément vrai. Du moins si tu as assez de conscience pour réaliser que tu es devenu un âne, et ne plus pouvoir te regarder dans le miroir. Pinocchio t'apprends aussi à te méfier des inconnus que tu croises dans la rue, à ne pas leur faire confiance et à ne pas les suivre. C'est une façon plus douce de l'apprendre que de regarder le journal télévisé. Mais ça reste quand même un film qui fait peur, et qui risque de traumatiser les enfants. Si j'avais vu Pinocchio petite, je pourrais me dire que c'est à cause de lui que je n'ai jamais accepté de jouer au Billard, vu qu'ils semblent le présenter comme quelque chose du même rang que l'alcool et la cigarette. En parlant d'association d'idée, leur pays des plaisirs ressemble énormément à un parc d'attraction. De quoi retirer aux enfants l'envie d'aller à Disneyland, ou leur faire croire que c'est un endroit pour les méchants et que vouloir y aller est mal... Ce serait quand même dommage, de croire une chose pareille alors que c'est tout le contraire.
Mais ce que je préfère dans Pinocchio, c'est le personnage de Jiminy Cricket. C’est une conscience. Et donc c’est un personnage entièrement bon. Profondément moral. Dans l’intention du moins. Et pourtant il n’est pas infaillible, il est humain. Il reconnaît que c’est compliqué, de distinguer le bien du mal. Et il en fait une longue phrase incompréhensible, ce qui le rend absolument adorable. Il ne sait pas comment faire. Mais il n’empêche qu’il veut bien faire. Mais il a des doutes. Il se dit que peut être Pinocchio n’a pas besoin de lui. Il a peur de s’imposer, d’être inutile, de trop en faire, de se mêler de ce qui ne le regarde pas,… Des fois je l’aime en tant que métaphore de la conscience, d’autres fois je l’aime juste en tant qu’être humain (Si on peut considérer comme un être humain un adorable cricket/grillon à tête de pistache). Dans les deux cas : c’est juste tellement vrai. Et tellement compliqué. Comme c’est compliqué de vouloir être quelqu’un de bien. Et puis on le trouve embêtant. Mais c’est quand même lui qui a raison. Ça fait souffrir de vouloir toujours bien faire. Et en même temps, il pose la question des motivations. Plus comme un clin d’œil que comme une vraie réflexion avec une réponse. Parce que d’un côté, il agit de façon généreuse et désintéressée, veut juste protéger Pinocchio et faire de lui quelqu’un de bien. D’un autre côté, il veut sa médaille de conscience; de bonne conscience.Et on ne sait jamais vraiment, si c’est désintéressée de faire quelque chose de bien, ou si c’est juste pour avoir bonne conscience, pour la satisfaction de pouvoir se considérer comme quelqu’un de bien. Tout ça c’est assez prise de tête quand même. C’est probablement pour ça que je l’aime bien, parce qu’il est trop compliqué.