Ce qui est certain avec Pinocchio, c’est que cette nouvelle version porte bien la signature de Matteo Garrone dont presque tous les films sont des sortes de contes, même les plus noirs comme Dogman. Avec un imaginaire qui n’exclut pas un certain réalisme, en l’occurrence la pauvreté dans l’Italie rurale de la deuxième partie du XIXe siècle. Le film est beaucoup plus fidèle au texte originel que la plupart des autres adaptations du livre de Collodi et a cependant édulcoré les passages ses plus macabres, sans doute pour toucher un public plus large et, c’est naturel, celui des enfants. Il était très attendu sur le plan visuel et c’est assurément dans ce domaine qu’il en impose le plus, privilégiant le maquillage à la pyrotechnie des effets spéciaux. Le récit n’est pas toujours aussi poétique qu’il souhaiterait l’être, et rarement émouvant, à vrai dire, mais la cause en est plutôt la narration, assez peu fluide, et une interprétation pour le moins inégale (belle prestation de Benigni dans les premières scènes). « Les marionnettes ne grandissent jamais » dit la fée à Pinocchio et c’est bien le cœur de cette histoire, avec évidemment le thème de la filiation, mais le film de Matteo Garrone, dont les péripéties sont parfois redondantes, fait s’interroger sur les qualités réelles du roman que finalement, hormis en Italie, peu de spectateurs des films de Disney, Benigni ou Comencini (le meilleur de tous ?) ont lu dans le texte. Disons qu’avec ce matériau de base, Garrone a réalisé une œuvre personnelle qui ne dépare pas dans sa filmographie. Mais tout comme Tale of Tales, ce ne sera pas celle que l’on retiendra en priorité dans son parcours cinématographique, dominé par Gomorra et Dogman, voire même par Reality (sous-côté, il faudrait le revoir).