La flamme et le pantin
La variation des formats et les innovations technologiques sont toujours un bon carburant du recyclage : la forme évolue, et l’on fait de ce toilettage dans l’air du temps un produit d’appel pour...
le 12 déc. 2022
53 j'aime
3
Voir le film
Ma critique vidéo sur Pinocchio (Netflix)
Après le navet de remake Live que Disney nous a pondu cette année, Netflix décide de sortir sa version de Pinocchio réalisée par Guillermo Del Toro. Malgré une bande-annonce attirante, il était un petit peu difficile d’être enjouée par l’annonce de cette nouvelle version après ce qu’on a eu. Mais bon, contrairement à Zemeckis, Del Toro n’avait pas l’air d’avoir les producteurs de Netflix sur le dos pour réaliser un film de commande sans ambition personnelle. Et que vaut cette nouvelle version de Pinocchio ? Elle est excellente ! Sincèrement, ce n’est peut-être pas fidèle au roman mais quelle version de Pinocchio ! Elle a de quoi fortement plaire lors du visionnage.
Pinocchio (Gaël Raës) est une marionnette en bois à qui l’esprit des bois a donné la vie afin de lui permettre de rendre à nouveau Geppetto heureux. C’est un garçon un peu trop curieux et désobéissant au début mais plus le long-métrage avance et plus on s’attache à lui, surtout de par son évolution et son envie de vouloir aider son papa.
Geppetto (Pierre Santini) est un artisan très apprécié du village mais qui souffre depuis la perte de son fils, ce qui peut se comprendre. Étant donné que Carlo était la seule personne à laquelle il tenait, il est normal qu’on le voit sombrer à ce point. Même ses réactions envers Pinocchio sont compréhensibles au début. Après, il faut réellement comprendre sa souffrance afin de mieux comprendre le personnage.
Sebastian Cricket (Michel Lerousseau) est ici le narrateur de l’histoire, c’est à travers lui que l’histoire nous est racontée et ça fonctionne. Malgré qu’il n’ait pas un vrai rôle à jouer dans l’action, cela ne l’empêche pas d’avoir un rôle de narrateur qui marche, surtout avec le fait qu’il écrive ses mémoires.
Carlo (Gaël Raës) est le garçon de Geppetto et il a perdu la vie pendant un terrible incident. Pour le peu qu’on le voit, c’est un garçon très sage et attachant dont on comprend très vite pourquoi Geppetto l’aime autant.
Après, on a aussi les personnages de La Mèche (Aloïs Agaësse-Mahieu) et Spazzatura (Déborah Perret). L’un est un garçon fils d’un général de guerre qui veut rendre son père fier malgré que celui-ci ne voit son fils que comme un soldat (du moins, il aimerait être fier de lui en tant que soldat) et l’autre est un singe jaloux de Pinocchio par rapport au comte Volpe mais qui a un développement intéressant.
Le comte Volpe (Jacques Verzier) est un patron de cirque qui cherche à exploiter Pinocchio pour son profit personnel. Dans cette nouvelle version, il arrive à être plus intelligent que d’habitude et cela le rend encore plus dangereux. Pour un antagoniste, il fonctionne très bien par rapport au développement de Pinocchio et la manière dont il joue sur son avarice et la pauvreté de Geppetto pour exploiter Pinocchio. Comme quoi, certains antagonistes ne sont pas à craindre à cause de leur force et leur violence, mais surtout par leur intelligence.
Alors que Geppetto vivait une vie heureuse avec son fils, il le perd lors d’un incident avec des militaires. Depuis ce jour, Geppetto déprime et puis, sur un coup de tête, il décide de sculpter une marionnette en bois qui représenterait son fils. Lorsque Pinocchio prend vie, on demande à Geppetto de s’occuper de lui comme si il était un vrai petit garçon mais cela s’avère plus difficile que prévu. C’est une histoire qu’on connaît mais réinterprétée d’une manière intéressante pour apporter une nouvelle vision de l’histoire.
L’univers instauré dans ce long-métrage fonctionne plutôt bien. On a un univers peuplé de créatures fantastiques mais où les humains réagissent normalement (sachant qu’ils sont en majorité et qu’ils sont en temps de guerre). Donc oui, l’univers de ce long-métrage est intéressant, ça donnerait presque envie de voir d’autres contes qui se passeraient dans le même monde avec le style de Guillermo Del Toro. D’ailleurs, certains designs rappelleront un peu d’anciens long-métrages du réalisateur.
Question symbolisme, il y a beaucoup d’éléments intéressants comme ce que représente Pinocchio pour Geppetto (surtout qu’il a été créé à partir de l’arbre qui poussait sur la tombe de Carlo), ce que représente Geppetto pour Pinocchio, Pinocchio pour le soldat et pour le comte Volpe… Bref, on a réellement du symbolisme travaillé et intéressant à suivre ici.
L’animation n’est pas parfaite (on va revenir dessus plus tard) mais elle est réellement de bonne qualité. Cette stop-motion progresse bien petit à petit et ça donne un style particulièrement réussi à ce long-métrage. D’ailleurs, à travers cette animation, on retrouve le style d’auteur qu’est Guillermo Del Toro avec ses créatures fantastiques mais qui font réalistes.
L’avantage d’un remake avec Guillermo Del Toro aux commandes, c’est qu’on ne risque pas de suivre la même histoire que le Disney. Ici, on a pas mal d’évènements assez inattendus qui arrivent à nous surprendre, y compris la fin. Bon, il y a un ou deux petits points prévisibles mais, dans la globalité, ça reste de l’inattendu qui fonctionne.
Question mise en scène, Guillermo Del Toro reste un maître dans ce domaine. On ne va pas dire qu’elle est parfaite mais elle est extrêmement bien soignée pour nous offrir des superbes moments compréhensibles (voir subtils dans certaines scènes) et sans qu’on ait besoin d’explication.
Le long-métrage démarre par la découverte de la vie de Geppetto et de son fils avant qu’un terrible incident arrive. C’est une excellente introduction pour mettre en place la suite de l’histoire et donner du sens à la création de Pinocchio tout en nous donnant envie de voir la suite.
La relation qui se développe entre Pinocchio et Geppetto est assez intéressante, surtout par rapport au fait que là, Geppetto n’aime pas Pinocchio directement, il a du mal à le voir comme son fils, ce qui créait une relation encore plus intéressante.
On a quelques évolutions assez intéressantes comme celle de Pinocchio par rapport à son papa et les expériences de la vie mais aussi pour Geppetto et la manière dont il voyait Pinocchio. Dans les deux cas, ce sont des évolutions bien travaillées.
Que dire sur la fin de ce long-métrage ? Et bien, qu’elle est assez surprenante tout en étant très travaillée. En voyant ce long-métrage, on se pose quelques questions sur Pinocchio mais ça reste une fin de qualité pour conclure le long-métrage.
La VF est de bonne qualité dans son ensemble. Chaque comédien et comédienne de doublage ont été bien choisis pour leurs personnages, ils ont des voix qui collent bien à leurs personnages et on entend qu’ils s’investissent.
Que dire des chansons de ce long-métrage ? Elles sont inattendues mais elles sont bien travaillées en vérité. Mention spéciale pour la chanson Ciao Papa qui est la plus belle de tout ce long-métrage.
Les musiques sont de ce long-métrage sont superbes. Quelle que soit la scène qu’on suit, on y entend des musiques de bonne qualité qui collent bien avec ce qui se passe à l’image.
Les décors sont assez jolis en fonction de là où se trouve les personnages. Sincèrement, la majorité des décors de ce long-métrage ne sont pas mal du tout.
Malgré une animation travaillé et de l’émotion bien gérée par sa mise en scène, il y a des moments qui paraissent un petit peu faux par rapport au doublage VF. Attention, ce n’est pas mal doublé, c’est juste que le manque d’émotion sur la majorité des visages qu’on voit rendent la VF un petit peu faux.
Les chansons sont belles mais était-il vraiment obligatoire qu’on ait des chansons ? Ce détail là est un peu ridicule vu que c’est une question de goût mais, même si ce n’est pas réservé qu’à Disney, ça fait bizarre. Et pourtant, les chansons sont bien espacées et nous donnent le temps de respirer.
L’animation est belle mais, dans les premières séquences, elle manque un petit peu de fluidité. Plus le long-métrage avance et plus il est fluide mais la différence entre l’animation du début et de la fin se sent quand on fait attention, même si c’est juste un détail.
Malgré les libertés prises pour cette nouvelle version, il est un peu difficile de croire en la tension. Certes, les moments de tension son très bien mis en scène mais ça ne veut pas dire que la tension est très efficace pour autant.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Pinocchio a beau être une marionnette de bois, il y a des règles par rapport à ses morts (en dehors du feu qui est une mort éternelle). Quand il meurt, son âme est envoyée près de l’esprit de la mort pendant un certain temps avant qu’elle ne puisse retourner dans son corps. Mais plus il meurt et plus longtemps il devra rester la fin suivante. Certains diront que ça n’a l’air de rien mais quand arrive le moment où Geppetto est sur le point de se noyer et que Pinocchio préfère y retourner tout de suite pour le sauver, en se sacrifiant, c’est une règle plutôt bien trouvée. Et merci à Sebastian d’avoir sacrifié son vœu afin de pouvoir ramener Pinocchio à la vie (mais il ne pourra plus mourir comme il l’avait fait).
Cette fois, pas de passage au pays des garnements avec Crapule et les autres enfants détestables dans un monde rêveur mais qui les transformerait en âne esclaves à vie, et pourquoi pas. Malgré que ce passage soit un des plus traumatisants du long-métrage de Disney, il faut reconnaître que ne pas avoir mis ce lieu n’était pas une mauvaise idée. Surtout que là, Pinocchio agit surtout pour le bien de son père en voulant l’aider.
Au final, Pinocchio de Guillermo Del Toro est un excellent long-métrage car il a compris qu’il devait apporter une vision différente, quitte à prendre de grandes libertés. Il ne s’est pas contenté de recopier le dessin-animé à quelques différences mineures près, LUI ! Même sans le comparer au remake live de Disney, Guillermo Del Toro a vraiment su apporter une vision différente de l’histoire propre à son style d’auteur. On a une mise en scène soignée, des superbes chansons, des personnages bien développés surtout dans la relation père-fils, de l’inattendu qui fonctionne, du symbolisme efficace et un doublage de bonne qualité. Après, il est vrai que l’animation est un petit peu critiquable au début sur sa fluidité et que et que la tension n’est pas souvent efficace (malgré le très bon travail derrière). Mais, malgré ses légers défauts, c’est réellement un excellent remake qui nous montre, à nouveau, le savoir-faire de Guillermo Del Toro. Pour ma part, j’attendais grandement ce remake pour son réalisateur et j’ai passé un excellent moment.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de Guillermo del Toro, Les films les plus attendus de 2022 et Top films 2022
Créée
le 14 déc. 2022
Critique lue 158 fois
4 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Pinocchio
La variation des formats et les innovations technologiques sont toujours un bon carburant du recyclage : la forme évolue, et l’on fait de ce toilettage dans l’air du temps un produit d’appel pour...
le 12 déc. 2022
53 j'aime
3
Cela fait plaisir de voir que l'année 2022 a donné une bonne version du conte avec le pantin de bois le plus célèbre au monde. Et cela fait plaisir aussi de voir que Guillermo del Toro est capable de...
Par
le 10 déc. 2022
36 j'aime
22
Del Toro n'en finit plus de me frustrer.L'homme est talentueux. C'est un des derniers grands faiseurs d'images du cinéma populaire, et un metteur en scène indiscutablement doué. Mais le fait est que...
le 12 déc. 2022
35 j'aime
7
Du même critique
Je m'étais promis de ne plus faire de critique sur les émissions web ou sur certains youtubeurs. J'avais déjà écrit sur certains youtubeurs que je n'appréciais pas particulièrement par le passé dans...
Par
le 23 avr. 2021
30 j'aime
82
Critique audio: https://www.youtube.com/watch?v=AHgPNshCVm4 Comme vous le savez, je suis très fan de l'univers de Batman ainsi que du meilleur méchant jamais créé dans l'univers de DC, le Joker. Dans...
Par
le 12 oct. 2019
27 j'aime
30
Tout le monde s'attendait à une suite depuis la fin du premier film mais moi j'y ai vu une fin qui nous disait seulement que les Indestructibles étaient repartis pour sauver la ville du démolisseur...
Par
le 30 juin 2018
22 j'aime
12