Pinot simple Flic fait partie de ces comédies populaires nichées au cœur des années 80 encore amusantes aujourd'hui mais ayant par ailleurs assez mal vieilli au niveau de l'humour. Et pas que de l'humour tant c'est la société dans son ensemble qui a changé et c'est comme ça. On y peut rien.
Même si finalement, les thèmes que Pinot soulève sont toujours en vogue aujourd'hui. C'est ça qui est assez triste. Les décennies passent. Les gouvernements passent. Les générations passent. Mais il y a toujours des problèmes de violence des jeunes, de manque de moyens chez les flics, de mal-logement. Le film de Jugnot en parle ou en tout cas on le voit à l'écran. Je ne sais pas si, à l'époque, il pouvait se douter que ça n'irait qu'en empirant avec le temps.
Quant à l'aspect purement comique, Jugnot endosse l'uniforme de ce Pinot français moyen comme il les accumulera tout au long de sa carrière. Un brave type. Gaffeur certes. A se demander comment il a fait pour devenir flic. Mais romantique. Et touchant. "Qui sait, je deviendrai beau". C'est aussi ça Jugnot. Pas que les gags lourdingues à base de portes qui claquent et de feuilles qui s'envolent. C'est un physique un peu ingrat (petit, chauve, moustachu, voix aigüe) dont il a toujours souffert et qui ne plaira jamais aux filles.
Sa solitude dans son HLM amène une tonalité un peu plus grave et dans tous ses films suivants, cette petite musique existera. Il a compris très tôt qu'être un gai luron est un peu juste et que c'est bien de montrer les failles y compris chez un policier grimé en Rambo sur l'affiche.
Moins culte qu'un Viens chez moi, j'habite chez une copine ou Marche à l'ombre, Pinot simple flic, exclusivement centré sur la personne de Jugnot là où Michel Blanc préférait partager la vedette, distrait en tournant en dérision le quotidien d'une gendarmerie dans sa lutte contre la petite délinquance. Ou comment un autre membre du Splendid sut se renouveler en passant à la mise en scène avec succès.