Après un passage par la Shaw Brothers, puis des grosses productions taïwanaises, King Hu a travaillé durant quelques temps pour la Golden Harvest, la firme rivale, pour un wu xia pian haut en couleurs.
L'histoire est au fond très simple ; celle de bandits japonais débarquant en Chine, et le gouvernement fait appel à des guerriers pour les dégager fissa, quitte à utiliser des sabres.
C'est aussi l'occasion de voir que les techniques de tournages entre la Shaw Brothers et Golden Harvest sont très différents ; le second privilégie les tournages en extérieurs, dans des contrées isolées faisant appel là aussi à la Chine ancestrale. D'ailleurs, il y a moins d'utilisation de câbles, mais les combats au sabre, parfois aux poings, n'en sont pas moins spectaculaires.
Le film est un wu xia pian tout à fait classique, mais qui souffre par exemple de la comparaison avec d'autres films de King Hu, qui débordaient de moyens comme L'hirondelle d'or ou A touch of zen, avec combats qui sont parfois saturés par un montage vraiment incessant, comme si parfois des combattants sont seuls à se battre. La mise en scène n'est pas non plus à la hauteur. Mais pourtant, il y a le plaisir enfantin de voir des combats parfois dantesques, où d'ailleurs on y trouve un certain Jackie Chan. Il n'est pas crédité, mais c'était l'époque où, simple cascadeur, il devait juste incarner des gens se faire latter ou carrément à terre ; en somme, faire le cadavre ! Mais on ne voit jamais son visage, au contraire de ses frères d'armes Sammo Hung et Yuen Biao qui jouent deux des pirates.
A l'époque où les films de la Shaw Brothers sortaient par dizaines en France au début des années 2000, j'étais un énorme client de ce genre de cinéma, qui bastonnait, dont je voyais les ficelles (et les moustaches), mais dont je gardais un énorme plaisir enfantin. C'est la même chose devant ce Pirates et guerriers, sans doute mineur dans la filmographie de King Hu, mais qui se révèle divertissant.