Contrairement à ce que pourrait laisser sous-entendre mon titre, j'ai aimé ce film. Alors oui, je suis parfaitement conscient que c'est d'une insondable crétinerie, que ça vole pas bien haut et que c'est bourré de défauts. John Lennon se demandai autrefois, un jour dans sa vie, combien de trous cela prendrait-il pour remplir le Royal Albert Hall. Ce film nous donne la réponse : autant que ceux qu'il y a dans son scénario.
Malgré tout, j'ai vraiment passé un excellent moment à tel point que je jubilais à la sortie et que j'avais un peu envie de crier "Chris Colombus is baaaaaack" sur mon Vélov. Si l'on part du principe que la débilité est un parti-pris et que le film se revendique comme un nanar cool (et franchement, au vu de certaines scènes je préfère me dire que c'est le cas), le résultat est plus qu'enthousiasmant. La VO est probablement obligatoire et j'ai bien fait de ne pas transiger dessus, je sais à quel point la VF bâclée sur ce genre de film pour vous en gâcher toutes les good vibes.
L'utilisation du retro gaming dans un univers "réaliste" se fait avec une belle homogénéité et les pixels rutilants apportent un brin de folie et beaucoup de couleurs au tout. Et puis tout ces petits cubes de partout ça aiguise le regard à trouver lesquels ne sont que des cubes de plastique ou de verre qui traînent ici ou là, c'est assez rigolo. Niveau casting, plutôt fun aussi, avec l'indéboulonnable Adam Sandler qui s'empâte mais fait le job (et puis tous ses amis sont obèses, ça l'amincit), Dinklage qui cabotine à souhait et quelques caméos réjouissants (Serena <3).
Mais ce qui prend surtout, c'est l'omniprésence des références à la culture pop et en particulier 80's. Les images détournées et redoublées par les aliens, les punchlines à n'en plus finir dans les dialogues qui font ressembler le film à une suite ininterrompue de memes et de gifs parfois hilarants, parfois ratés comme on en voit sur 9gag, et qui surtout font rejoindre de manière assez naturelle fond et forme en faisant de cette oeuvre de pur divertissement un parfait objet pop sans prétention.
Le fanservice est également là mais plutôt bien dosé pour que les moins geeks et nerds d'entre nous ne se sentent pas trop laissés de côté, et puis voir ces parties dantesques de Donkey Kong, PacMan, Centipede et autres joyeuseries revisités dans un univers 3D a quelque chose d'indéniablement jouissif que l'enfant en moi apprécie particulièrement. Bien sûr, le sponsoring "SONY" omniprésent (les selfies de l'indien, sérieux ?) est agaçant, et certaines saillies sont terriblement sexistes de prime abord (bonjour la femme trophée...) mais la plupart du temps rapidement déjouées par un autre gag (la scène post générique par exemple), qui montre que le film n'est pas si mal écrit que ça. Bien sur le scénario est globalement complètement délirant et ne tient pas vraiment debout, mais en même temps qu'est-ce qui dans "des aliens qui ont reçu une VHS d'un tournoi de retrogaming le prennent comme une déclaration de guerre et attaquent la Terre avec une armée de pixels" ne vous mettait pas la puce à l'oreille quant au caractère absolument délirant et bordélique du projet ?
Ajoutez à cela une bande son eighties à souhait, du bon vieux Queen de papa à une reprise massacrée de "Everybody Wants to Rule the World" de Tears for Fears. Certaines répliques sont instantanément cultes et m'ont vraiment beaucoup fait rire (et pourtant je ne suis pas un nerd), et le sentiment de loufoque permanent créé une sorte d'euphorie pour peu qu'on y soit réceptif. On notera également que certaines ellipses bizarres semblent trouver leur origine dans une version cinéma sans doute charcutée par des producteurs zélés (au moins deux scènes font référence à des évènements antérieurs que le film ne montre pas) ce qui laisse augurer d'un director's cut pour le DVD un peu plus lisible et aéré, mais reste que ce film c'est du fun en barre, ou plutôt en pixels.
Et puis Serena Williams quoi, c'est un peu une déesse et ce film montre que c'est vraiment une très belle femme.