J'ai beau éprouver de la sympathie pour le duo Jaoui - Bacri, "Place publique" est sans doute leur film le moins intéressant.
Quelle première partie laborieuse, en particulier, qui montre le tandem de scénaristes radoter sévèrement, proposant une galerie de personnages vus et revus, placés au cœur de situations convenues, permettant une critique sociale facile et attendue.
Nombre de personnages secondaires sont à peine effleurés, véritables clichés ambulants qui ne font guère honneur au talent de portraitistes des Jabac. Citons au hasard la serveuse fascinée par les célébrités (Sarah Suco), ou le jeune youtubeur (Mister V) entouré d'une cour décérébrée, véritables caricatures sans substance.
Bref, en dépit d'une distribution prometteuse (Kevin Azaïs, Léa Drucker, Nina Meurisse, Frédéric Pierrot), on ne goûte que modérément de participer à cette fête champêtre dans une luxueuse villa entourée d'un vaste jardin, qui rappellera forcément la sympathique comédie du duo Toledano - Nakache (même unité de temps, de lieu et d'action), sortie il y a à peine quelques mois, et pas à l'avantage de "Place publique".
Heureusement, à mesure que la nuit tombe sur la garden party, que le film avance et se recentre sur le personnage le plus intéressant (Castro, un avatar de Thierry Ardisson magistralement campé par Bacri lui-même), le ton se fait plus sombre, plus amer, et "Place publique" gagne en densité et en intérêt, tout en parvenant enfin à arracher quelques rires souvent jaunes.
Pour se conclure sur une étonnante interprétation a capella de "Osez Joséphine", véritable instant de grâce qui aura marqué les esprits, et écho pertinent aux thématiques de "Place publique".