Nouveau Bacri-Jaoui, nouvelle attente d'un film simple, croustillant et sans prétention.
Le duo ne se risque pas à l'inconnu avec cette critique sociale, légère et caustique, des mondes que tout oppose : les nantis et les prolétaires, les idéaux de gauche et les cyniques de droite, les jeunes et les vieux... Zone de confort également dans le cadre narratif. Des parisiens friqués à la campagne, une réception le temps d'une soirée au bord d'une piscine. La forme lorgne un peu trop fortement sur "le sens de la fête", Bacri est dans son jardin.
Ce qui est plaisant chez Jaoui, c'est qu'elle ne fait pas rimer comédie populaire avec comédie simpliste. Jamais (allez, rarement) elle ne tombe dans le mépris, l'intolérance ou la caricature. Si ses personnages ne sont pas des modèles de profondeur ni de complexité, ils servent le propos du métrage sans user de leurs faiblesses pour créer le comique. Le film s'ouvre sur la voix off de Castro essayant de s'auto convaincre de la cohérence d'avoir viré à droite à 40 ans, quitte à citer à tort un intellectuel qui tentait lui-même à son époque de se convaincre de la même chose... interrompu par Castro lui-même se laissant entraîner par une musique de Kenny Arkana. Belle entrée en matière.
Cette fois ci, il semble que le duo cherche à ancrer son scénario dans un contexte plus réaliste que pour leurs précédents films. Castro évoque indéniablement T. Ardisson, son rapport au PAF français et les enjeux de la déchéance d'une génération, refusant de vieillir et submergé par les enjeux du buzz médiatique version années 2010. La passation de pouvoir est difficile à admettre, tant pour l'acceptation de son propre déclin que pour le constat du changement social.
Légèrement manichéen par moment, une mise en scène pas toujours inspirée, encore une fois très proche de celle du sens de la fête, on se concentre sur la qualité des dialogues et du comique de situation qui cherche à satisfaire tous les publics, parler au plus grand nombre. Bacri, vieux con aigri, à enfin une vraie raison de râler !
Finalement, en vieillissant, certains glissent à droite plus par crainte du renouveau que par la compréhension des enjeux sociétaux...