Je m'y connais pas beaucoup en bandes dessinées mais découvrir ce premier film de Nine Antico, à la base autrice de BD, me fait dire qu'elle arrive à puiser l'essence de son art pour créer une oeuvre cinématographique pas comme les autres, différente des moules habituels des comédies nationales. Satire du milieu de l'édition, cette chronique en noir et blanc raconte les amours contrariés d'une trentenaire paumée, en pleine réorientation professionnelle. Pas folichon comme pitch me direz vous. Mais la réalisatrice réussit à en faire quelque chose de personnel, nous faisant oublier la banalité du film "portrait d'une génération" à forte teneur féministe. Déjà, les personnages principaux se confondent dans une galerie d'autres visages. Les nombreux gros plans font office de vignettes. On est dans le métro. Il y a de l'agitation et notre héroïne à la ramasse est comme vous et moi. Elle galère et semble subir les événements plus qu'elle ne les vit avec passion. Très vite, on s'aperçoit que le film prend la forme d'un zapping où les situations, voire les sketchs s'enchainent. Des histoires laborieuses avec le plan cul, on passe à la coloc reloue puis aux nouveaux collègues excessifs, sans oublier les intermèdes comiques avec la meilleure amie fofolle. Ah oui, et une voix-off, philosophique et un brin anecdotique, sert de ciment pour recoller ces paysages entre eux. Via des situations décomplexées et amusantes, on se laisse aller en observant les pérégrinations d'une femme qui ne veut qu'être aimée à sa juste valeur. La tandem Sara Forestier/Laetitia Dosch est un atout indéniable, soutenu par des seconds rôles comiques bien choisis (Pierre Lottin, Andranic Manet...). Burlesque et mélancolique, Playlist se veut intemporel avec ses tubes de Gainsbourg et Daniel Johnston et son aspect vintage qu'on croirait presque issu de la Nouvelle Vague. Je me questionné sur le noir et blanc mais je pense qu'il ne faut pas chercher plus loin que la dimension graphique qui rappelle le cadre de la bande-dessinée. Playlist est un plaisir simple, ni dingue ni raté, qui ne prétend pas faire la morale et je dois dire que c'est plutôt agréable. C'est juste la trace d'une artiste qui a eu envie de raconter sa version des faits. Alors oui, c'est parfois désordonné et un peu trop simple, mais au moins ça ne prétend pas refaire ou faire mieux que ses semblables. Rafraichissant !