Réfléchir sur la mort et le désir de mourir en cas maladie grave voire incurable est une question de société d’actualité (la mort assistée, l’euthanasie) déjà abordée au cinéma – citons par exemple à Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé, qui le traite avec retenue et sobriété, sans pour autant le taire. Or Plus que jamais y jette un regard nouveau puisque le sort ne s’acharne pas sur une personne âgée, dont la mort est somme toute plus acceptable car respectant une logique de la nature, mais sur une jeune femme (Hélène, la trentaine environ), si bien que l’ordre des choses n’est pas respecté et le sentiment d’injustice et de révolte supérieur.
Toutefois, le personnage d’Hélène accepte avec fatalité et courage ce qui lui arrive ; c’est plutôt son compagnon (Mathieu), étouffant et au fond immature, qui veut lutter et refuse de lâcher prise jusqu’à ce moment sublime (le meilleur du film) où Hélène lui fait comprendre qu’il n’a pas à être jaloux de sa mort, de la manière de mourir qu’elle a choisie (très loin de lui, avec un autre homme), mais plutôt elle qui devrait être jalouse de la vie qu’il mènera (retrouver quelqu’un, former une famille, …).
Jusque-là, le film piétine beaucoup lorsque l’histoire se déroule en France, alors que le montage ne se fend pas par ailleurs de généreuses ellipses. Certes il fallait introduire la suite, mais celle-ci se fait trop attendre. Dès l’arrivée en Norvège et la rencontre avec Mister, le film retrouve du souffle et du sens, de même qu’Hélène qui revit en trouvant celui dont elle avait besoin à ce moment-là, quelqu’un qui, comme bien souvent dans des cas de grandes souffrances personnelles, puisse partager ses peines (la véritable empathie, pas celle, adultérée, devenue jusqu’à écœurement le credo d’un management réussi ou pour d’aucuns le signe infaillible d’une vraie amitié), non pas en paroles (trop fausses), mais en réalité. Cependant, cet homme taciturne et avare en sentiments, misanthrope sur les bords, sert certes de conseiller expérimenté à Hélène, mais sa froideur et son fatalisme ne lui laisse aucun espoir, la conduisant ainsi au renoncement – d’où le sentiment de dépossession et de révolte du jeune Mathieu qui la voit lui échapper des mains.
Plus que jamais, vu heureusement sans savoir que Mathieu était Gaspard Ulliel qui était récemment mort (fait tragique certes, mais n’ayant eu aucune influence ni répercussion sur l’écriture ni le tournage du film), est un mélo moderne plutôt agréable à voir mais manquant parfois de rythme et s’encombrant de certaines longueurs.
6,5/10