Réalisant un film d’action dans un monde de surfeurs (mélange des genres superbement mis en place par le générique d'ouverture), la réalisatrice Kathryn Bigelow (ex-madame James Cameron) joue sans cesse sur ce thème de la dualité et la transgression des limites qu'elle implique. C'est du double statut de Johnny Utah que découle le point central du film, à savoir comment concilier passion (surf, amitié, amour, adrénaline) et raison (respect des lois). Tout ceci se trouve merveilleusement mis en abîme dans l'épilogue du film où Johnny et Bodhi franchissent enfin leur dernière limite.
En plus de ce thème parfaitement maîtrisé et servi par un bon scénario, Kathryn Bigelow signe ici une réalisation assez créative, jouant sur les rythmes et les ralentis, alternant des plans lents filmés au creux des vagues et des séquences plus rapides, comme par exemple la poursuite de Johnny et Bodhi filmée en steadycam.
A tout ceci, il faut ajouter l’influence non négligeable de James Cameron (crédité comme producteur exécutif au générique) sur le film. Outre une participation sur l’écriture du scénario et sur le tournage (utilisation des fameux filtres bleus « made in Cameron » sur certaines séquences), celui qui était à l’époque monsieur Bigelow apporte au film deux des grands thèmes récurrents de sa filmographie : le thème de l’eau, souvent associé par Cameron avec l’idée de noyade (la scène où Johnny essaye d'apprendre à surfer), et celui de la femme forte, seule dans un monde d’hommes (le personnage de Tyler).
Enfin, il est à noter une interprétation parfaite des acteurs principaux, Keanu Reeves et Patrick Swayze n’hésitant pas à dépasser leurs propres limites puisqu'ils n'ont que peu été doublés sur le tournage.