Poissonsexe est le film le plus original du moment, pas très aimé d'une certaine critique, ce qui est plutôt bon signe. Dans cette fable dystopique où des scientifiques tentent de ressusciter la libido en berne des poissons et où la dernière baleine vient s'échouer sur une plage, il y a comme un air de fin du monde qui stagne. Un climat qui inspire visiblement le réalisateur de Poissonsexe qui nous enchante par son ton poétique, surréaliste et mélancolique, tout en reprenant les bons vieux procédés de la comédie romantique américaine. Certains trouveront certainement l'ensemble bien trop indolent mais c'est justement cette manière apaisante de s'exprimer à travers une bonne dose d'humour perché et un sentiment inexorable d'absurde qui ravira les amateurs de cinéma non calibré pour flatter le spectateur dans le sens de la branchie. Car si le monde d'après décrit par le film est évidemment très inquiétant, avec le règne animal en voie d'extinction, il reste quelques motifs non pas de croire en un univers meilleur mais au maintien de valeurs humaines impérissables telles que la tendresse, la douceur et la bienveillance. Il n'est pas interdit de souscrire à la candeur de Poissonsexe qui rejoint celle de ses deux personnages principaux, timides, complexés et pas très joyeux, il faut bien le dire. Pour les incarner, le choix des très atypiques et lunaires Gustave Kervern et India Hair ne pouvait pas mieux tomber.