Pierre est un écrivain à succès vivant aux côtés de sa douce et jolie fiancée dans un château en pleine nature, allusion probable au conte de fées. Pourtant, Pierre va se détourner de cette vie dorée pour accompagner dans des pérégrinations erratiques, clochardisantes, une jeune fille mystérieuse, réfugiée bosnienne et comme incarnant les malheurs du monde.
On se perd en conjectures devant la complexité de récit de Leos Carax, devant les effets de style de sa mise en scène, les intentions obscures du scénario ou l'énigme des personnages. En tout état de cause, le personnage de Guillaume Depardieu apparait le double de Carax dans ce qui pourrait être une parabole sur la création artistique.
La mystérieuse Isabelle révèle au jeune auteur de romans merveilleux, jusqu'alors bien au chaud dans son romantique cocon, la nécessité d'épouser la misère et les maux de cette fin de siècle. C'est à la fois la condition pour écrire une oeuvre majeurs et le devoir d'engagement de tout créateur. Fortement symbolique (voir notamment les modes opposés qu'expriment les deux jeunes femmes du film), parfois poétique et onirique (l'évolution de Pierre comme dans un cauchemar), le film est ambitieux mais hautain dans son expression artistique ampoulée, sa rhétorique sans simplicité et parfois maladroite. La sophistication du récit et le cheminement brouillé, déroutant, des personnages, outre qu'ils agacent, laissent le plus souvent le spectateur hors du drame.