Dans Police il y a d'abord Mangin, flic aux épaules larges et aux mains de haute voltige, gros costaud aimant à cuisiner ses suspects et autres témoins tout en blaguant vulgairement sur les vices de forme de ses collègues. Ce macho au grand coeur est de toute évidence un homme à femmes, une frappe à l'aise dans tous les milieux, interlopes ou non... Il y a ensuite Maître Lambert, avocat aux airs de flambeur vivant de légèreté et de séduction, minet sensible aux dehors vulnérables et inconséquents, fréquentant les mêmes milieux que son ami Mangin ; deux potos à la fois honnêtes et canailles, composant avec les risques et les magouilles de leur environnement : un Paris gangréné par le trafic de drogues du quartier de Belleville opéré principalement par la communauté arabe. Lorsque Lambert et Mangin croiseront la route de la belle et jeune Noria, gauloise fermée comme une tour aux manies mythomanes et impitoyables, rien ne sera plus comme avant : passion foudroyante, coeurs écorchés vifs, bouquet de fleurs dans une peau de vache... Police de Pialat n'est qu'un titre-leurre : un faux polar doublé d'une terrible, d'une désespérante histoire d'amour.
Pour la mise en scène de Maurice Pialat, pour le scénario brillant et savamment fouillé de Catherine Breillat, pour Depardieu, Marceau et Anconina, pour la vie sublimée au travers de chaque séquence, même la plus anecdotique... En un mot comme en cent Police est un authentique régal de Cinéma, une chronique mêlée d'enjeux relationnels peu ou prou dévastateurs. Un film sans doute davantage sous-estimé que d'autres longs métrages de son auteur, s'avérant néanmoins dramatiquement dense et passionnant de part et d'autre, de ses interprètes principaux au moindre petit rôle. Un chef d'oeuvre pour ma part.