Après l'autobiographique et impitoyable Nous ne vieillirons pas ensemble, encore un grand film pour Pialat.Précurseur du film policier réaliste français, proche du documentaire(avant L. 627 de Tavernier ou Le petit lieutenant de Beauvois) , Police est un formidable portrait à nu du quotidien sordide et de la solitude de ses acteurs. Certans critiques ont attaqué le jeu de la très jeune Sophie Marceau,injustement à mon avis. Elle n'est pas parfaite mais elle défend bien son personnage de jeune femme forte et farouchement individualiste(Clairement la touche de la scénariste Catherine Breillat), là où les autres personnages féminins sont des potiches(mention à la Commissaire stagiaire). Ses scènes d'interrogatoire la montre à fleur de peau, au bord des larmes et la direction d'acteurs musclée de Pialat n'y est pas étrangère.
Je n'ai pas de mot pour la performance de Depardieu, au delà des mots, boule de sensibilité et de solitude sous un dehors exubérant et machiste. Le dernier plan de Deoardieu dévasté, sublimé par la musique de Gorecki, vous arrache le coeur.
Et tout celà est sublimé par une partie technique exemplaire:sublime photo froide et bleutée, typique des années 80(mais sans les néons) de Luciano Tovoli, mise en scène puissante de Pialat avec ses cadres fixes anxiogènes lors des moments de tension, qui se transforme en délicats moments d'appareil lors des moments de passion.
Un grand film, peut être le plus accessible de Pialat, avec son cadre policier réaliste et un Depardieu solaire, immensément attachant(très loin de l'odieux mais formidable Jean Yanne).