Don Siegel met en scène ce polar urbain méconnu en 1968. Vu après les oeuvres plus connues du réalisateur qui donnera envie à Clint Eastwood de passer derrière la caméra, ce récit a de quoi surprendre.
Deux policiers se font berner par un truand qui leur vole leurs armes et s'échappe pendant son arrestation. Ils n'ont que trois jours pour le retrouver s'ils veulent conserver leurs plaques, Madigan étant un policier aux méthodes controversées.
On s'attend donc à un film nerveux à la Inspecteur Harry. Mais on a droit à un film très intimiste qui prend le temps de décrire les tourments des différents personnages. Qu'il s'agisse du préfet dépressif (Henry Fonda et son charisme naturel), de l'épouse délaissée du héros (Inger Stevens) ou de Madigan lui-même (Richard Widmark ambigu à souhait), le film s'attache à les dépeindre tels qu'ils sont sans manichéisme, témoin d'une période transitoire qui annonce les films décomplexés des années 70.
En fait, même si le décor est un peu limité dans les scènes intérieures, c'est New-York et ses sombres secrets qui est le personnage principal (corruption, intimidation, jeux de pouvoir ...).
Alors on peut évidemment trouver ennuyeux cette longue attente de la confrontation finale. J'ai trouvé la partie intimiste bien menée et intéressante, notamment cette volonté de montrer une chasse à l'homme pleine de fausses pistes, sûrement très proche de la réalité du terrain. Par ailleurs, la bande son est remarquable, avec un côté jazzy prononcé et particulièrement adapté aux passages nocturnes, aux rencontres improbables (Michael Dunn, le méchant docteur Loveless des Mystères de l'ouest) ...
Ce film donnera lieu à une série ce qui peut paraitre paradoxal étant donné son dénouement (qui vous surprendra peut-être autant que moi) mais il me parait mériter davantage d'intérêt dans la filmographie de Don Siegel, surtout parce qu'il est en avance sur son temps.