La réalisatrice Maïwenn signe avec Polisse son 3e long-métrage. On déjà pu constater le talent d'actrice de la dame dans plusieurs films, notamment Haute Tension de Alexandre Aja (où on la voit surtout crier d'horreur) et on a forcément au moins entendu parler de ses films qui à chaque fois divisent mais surprennent.
Polisse, ne dérogeant pas à la règle, surprend. Peut être pas du côté de l'intrigue qui au fond ne fait que dépeindre le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs, ni de l'image, somme toute assez peu travaillée, mais surtout dans sa dimension humaine. Car avant de voir des « flics » défiler à l'écran pendant deux heures, ce sont de hommes qui nous font partager leurs déboires et leurs succès. Quelque chose que peu de films on tenté d'exploiter, trop peu sûrement. Ici, les policiers ne sont ni des super-héros ni des pourris, et ça fait du bien.
Maîtrisant son film d'un bout à l'autre, Maïwenn interprète même un rôle (hautement symbolique), celui de Melissa une photographe chargé de réaliser un reportage photo sur la BPM. Mise en abîme de son propre rôle de réalisatrice, elle se meut entre ses acteurs, appareil photo en main, très discrète au début (elle n'aligne pas deux mots d'affilée), prenant une certaine épaisseur en entamant une relation avec un des membres de la BPM ensuite. Ce rôle pas forcément nécessaire a au moins le mérite de faire démarrer le film avec son arrivée au sein de la brigade. Devant le défilé de stars qu'elle nous propose (Joey Starr, Marina Foïs, Karin Viard, Nicolas Duvauchelle pour ne citer qu'eux) on a l'impression d'une enfant qui aurait voulu rassembler tous ses petits copains pour jouer à faire un film, pourtant, immédiatement le groupe fonctionne. Comme une vraie brigade (on suppose) avec ses moments forts et ses détresses, une certaine unité mais aussi des ruptures. Choses rare, tous les acteurs sonnent justes, malgré des scènes peut être un peu trop poussées, qui relèvent presque de la performance d'acteurs (la dispute entre Karin Viard et Marina Foïs entre autres).
Tant dans sa manière de filmer que dans le rythme du récit, Maïwenn joue la carte de la fiction documentée. En effet au lieu de nous servir un cocktail d'action et de dramatisation, elle préfère calquer son film sur la Brigade plutôt que l'inverse. Ainsi, on mange, dort, part en intervention au rythme des différents policiers. Entre le film choral et le drame social, Polisse réussi le pari de teinter d'humour une histoire dont le fond reste sordide (on oscille à la brigade entre les cas de pédophilie et les séparations de familles) grâce à des scènes lumineuses mais jamais poussives. On pourra regretter le manque d'imagination dans la mise en scène, qui parfois rappelle les codes de la télévision, et des intrigues un peu trop éclatées (les problèmes personnels des brigadiers sont souvent vite abordés puis oubliés) mais on ne s'ennuie jamais devant Polisse.