Je ne comprends pas le succès remporté par ce film à sa sortie, et je trouve préoccupant que cette galerie de flics s'attire autant de sympathie. Je n'ai vu qu'une œuvre complaisante envers une bande de pseudo écorchés-vifs vautrés dans l'auto-satisfaction, tout convaincus qu'ils sont de l'importance de leur mission : mettre les mains dans le cambouis de l'humanité jour après jour et en extirper ces bijoux d'innocence que sont les enfants. Côtoyer une misère aussi crasse de façon aussi intime, ça met un coup aux grands idéaux et ça autorise à exprimer une sensibilité exacerbée à travers de grandes tirades révoltées et larmoyantes. Ça autorise aussi pratiquer l'empathie à géométrie variable et à malmener, de façon tantôt goguenarde, tantôt vindicative, des témoins, des victimes ou des accusés. La mère d'une fillette victime d'inceste se voit ainsi contrainte de répondre à des questions inquisitrices telles que "votre mari, il aime la sodomie? il pratique le SM aussi?". Le tout enrobé dans le regard mièvre d'une photographe neuneu supposée incarner l'objectivité.
Finalement, ces flics qui sont présentés comme des héros méconnus du quotidien et faisant de leur mission un sacerdoce, me semblent manquer cruellement d'humanité. On dirait la justice telle qu'elle serait rendue par une bande d'ados à fleur de peau : exaltée, versatile, brutale, grégaire et fonction d'un système de valeur profondément immature.