Polisse c'est frappant. Le quotidien difficile de la Brigade des Mineurs, la souffrance des policiers rongés par leur métier, les cas horribles traités qui nous mènent aux larmes, aux rires ou à l'incompréhension la plus totale (certaines dépositions sont quand mêmes tellement WTF qu'on en oublierait presque l'horreur de la situation), tout ça est formidablement bien retranscrit à l'image - Maïwenn a filmé l'équipe face aux drames, et s'en sort bien. Le résultat est touchant.
Par contre, Maïwenn ne donne aucun jugement sur ce qu'elle filme, elle ne campe aucune position, à l'instar de Baloo dans le film. Elle donne à voir ces images frappantes, ces paroles dont l'on aimerait qu'elles soient une vaste blague, mais n'en fait pas plus. Son film ne révolte donc pas. Comment être révoltés, elle-même n'a pas l'air de vouloir nous révolter par ces images ?! Le tout finit par être brouillon. C'est dommage...
Et puis, il y a ces scènes avec Joey Starr. Insupportables ! En quoi des mamours avec son ex dans la vraie vie nous intéresseraient à l'écran ? En quoi tout ça sert le film ? Quel est le rapport avec la Brigade des Mineurs ? Ok; lors du repas de famille où Mélissa présente son nouveau mec à sa famille, les invectives des sœurs de Mélissa à l'encontre de Joey montrent bien la place ingrate qu'occupent ces policiers dans la société ; l'amalgame fait entre toutes les branches de la Police, et le peu de considération à l'extérieur de la Brigade. Mais le reste, la relation Mélissa- le mari espagnol, les bisous devant la caméra, les looongs regards et les répliques peu subtiles, à l'instar de celle-ci, particulièrement ridicule : "Enlève ton chignon. C'est fini le look mémère", tout ça ne sert à rien et ennuie rapidement.
Reste la fin. Choc, et pourtant aux mêmes allures que le film. Maïwenn donne à voir le pire, nous bouleverse, mais n'en fait pas plus. Aucun jugement n'est avancé. Polisse ne semble pas avoir de vocation politique, ni même une vocation morale, ce qui pour un film sur la Brigade des Mineurs est plus que dommage. C'est un coup d'épée dans l'eau. Au final, Polisse nous laisse juste un sentiment de brouillon mal exploité.