Denis Villeneuve met en scène, avec pudeur, la tuerie qui s’est déroulée, en 1989, à l’école Polytechnique de Montréal qui fut un électrochoc pour toute la population québécoise. La première fois que j’en ai entendu parler, c’était dans le documentaire La domination masculine . On en parle beaucoup moins que celle de Columbine évoquée dans Elephant ou Bowling for Columbine. Or ces choses là ne se produisent pas qu’aux Etats-Unis. L’absence de médiatisation s’explique, sans doute, parce que le mobile du tueur est très explicite : la haine des féministes et des femmes, par extension.
Côté réalisation, la caméra colle au plus prés des personnages pour nous faire faire ressentir, de manière viscérale, le drame horrible que les victimes et les survivants ont vécu. Le noir et blanc renforce le côté effrayant de ce fait divers et le côté froid, sans émotions, du tueur. Les changements de rythme dans la narration sont là pour que l’on comprenne la surprise des gens devant cet évènement qui s’est déroulé dans leur école. La musique de Benoît Charest est bien trouvée car elle s’intègre parfaitement aux scènes qu’elle accompagne, avec discrétion.
Ce film montre que le traumatisme est, encore, présent dans la société québécoise et que l’on ne doit pas oublier ce genre d’évènement, sous peine qu’il se reproduise pour des motifs semblables. Pour moi, c’est aussi un hommage sincère pour les victimes et les survivants de ce drame. L’histoire de Polytechnique devait tenir à cœur au réalisateur pour qu’il en fasse un long métrage car il s’agit d’un sujet difficile et délicat à aborder. Un film fort et poignant, malgré sa courte durée.
N.B : Critique de Sicario