Ou comment Miyazaki, pour ce qui sera sans doute l'un de ses derniers longs en tant que réalisateur, sinon le dernier, choisit la sincérité, la fraîcheur, le naturel et une réaffirmation patente de son attachement aux valeurs telles que l'écologie, la famille, la prépondérance de l'enfant dans notre société et la confiance placée dans les générations à venir.
Dans le propos comme dans le trait (Ponyo marque un retour, peut-être éphémère, au film 2D "dessiné" par opposition au traitement numérique effectué sur beaucoup des productions récentes, y compris au Studio Ghibli), on ne peut que constater cette attention portée aux fondamentaux.
Le Maître a dessiné lui-même les scènes comportant des vagues, qu'il estimait centrales dans l'histoire, et une grande partie du travail autour du film se portera sur des aquarelles, technique très peu utilisée en raison du temps et de la minutie nécessaires.
Sur le plan du scénario, rien d'extraordinaire, l'accent est volontairement mis sur des thèmes classiques mais forts tels que la complexité de la cellule et des liens familiaux, la découverte de l'amour ou encore la peur de la mort, amenée par la forte interaction avec les pensionnaires de la maison de retraite voisine, où travaille la maman de Sosuke, le petit garçon personnage central du film conjointement avec l'héroïne éponyme, Ponyo, sorte de Petite Sirène à la sauce Miyazaki.
Brutal dans l'expression des forces de la nature lorsqu'elles se déchaînent contre les hommes, Ponyo sur la falaise alterne avec des séquences calmes et contemplatives où la vie reprend ses droits, donnant lieu à des échanges sereins et innocents entre les deux protagonistes principaux, de très jeunes enfants comme c'est souvent le cas dans les films de Miyazaki.
D'ailleurs, là encore de façon récurrente, ce sont eux qui vont sembler les plus porteurs de sagesse, face à des adultes (voire des vieillards) parfois bien intolérants ou puérils, très éloignés de la sérénité et de la clairvoyance que l'on prête parfois aux aînés.
Le contraste est frappant entre la profondeur de certains questionnements soulevés, et la candeur du film dans sa globalité.
Si le parallèle avec Mon voisin Totoro a souvent été évoqué, c'est à raison, tant Ponyo est une nouvelle preuve du talent de Ghibli, Miyazaki en tête, à proposer des oeuvres qui peuvent parler aux enfants comme à leurs parents, d'une façon parfois totalement différente tout en permettant l'échange inter-génération sur des notions et des références communes. Que ce soit d'ailleurs pour les personnages à l'écran, ou les spectateurs dans la salle.
La simplicité du dessin et de l'histoire, la beauté de l'animation et des sentiments, la richesse des décors et des personnages principaux comme secondaires, l'extraordinaire tendresse et l'amour enfantin font mouche, indéniablement.
L'imaginaire aussi, avec une faune et une flore complètement délirantes, de la magie même, tout ce petit monde au service du message délivré.
Ponyo m'a ému, parfois aux larmes, m'a fait rire, jubiler comme c'est si souvent le cas avec ce Studio féérique, oubliant le temps d'un soupir délicieux le monde extérieur.
Et ça, ça n'a pas de prix.
Pour tout le reste... Franchement on s'en fout non ?