Lorsque je regarde "Ponyo sur la falaise", j'ai envie de manger méthodiquement une tablette entière de chocolat au lait. De plonger dans un déluge de couvertures, coussins, doudous et de rester dessous des heures durant. J'ai envie de hurler à plein poumon, de chanter à tue-tête, de tourner jusqu'à en perdre l'équilibre, puis me rouler par terre.
Et pourtant, même en le découvrant pour la première fois, j'étais déjà trop vieux pour ces conneries. "Ponyo" n'est pas seulement un film sur l'enfance, c'est un film qui fait doucement retomber en enfance, un monde d'insouciance, de volupté et de jambon. Si Sosuke avec sa coupe au bol et sa mère incroyablement déraisonnable sont des vecteurs de cette candeur retrouvée, c'est Ponyo elle-même qui en est la principale passerelle. Créature aquatique aux innombrables pouvoirs, elle se la joue "petite sirène rebelle" et quitte le logis de son père perpétuellement anxieux pour vivre parmi les humains. Prenant l'apparence d'une petite fille, elle peut rétrécir les bateaux, courir sur l'eau, et guérir les bobos. La plus mignonne de tout le cinéma d'animation, au moins.
Autour d'elle un univers comme toujours enchanteur et démesuré. En délivrant une liqueur doré dans l'océan, elle provoque une gargantuesque tempête de poissons multicolores qui engloutissent tout sur leur passage et inquiète terriblement son père qui parle d'une "catastrophe sans précédent". Pourtant, même cet événement presque annonciateur du tsunami Fukushima qui traumatisa tout le Japon trois ans après la sortie du film, n'a aucune répercussion négative durant le film. Le raz-de-marée ne fait aucune victime, mais transforme le paysage pour des moments de purs poésies visuels.
En dédramatisant une catastrophe naturelle aussi redoutée par les japonais, Miyazaki semble vouloir s'adresser à eux. A la figure d'un père cerné aux cheveux hirsutes de peur, il propose une ode à la vie et à l'insouciance, un message d'espoir sans concession. On ne ne peut qu'être charmé par cet idéalisme dans la tourmente, rappelant un certain Jean-Pierre Jeunet. Une légèreté communicative, immuable et inoubliable.
Ma critique du film "Le Voyage de Chihiro" :
http://www.senscritique.com/film/Le_Voyage_de_Chihiro/critique/37481981
Ma critique du film "Le Vent se lève" :
http://www.senscritique.com/film/Le_vent_se_leve/critique/37483896