Quelques années avant de tirer sa révérence avec Le Vent se lève, le maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki nous faisait plonger en enfance au gré de Ponyo sur la falaise, son dixième long-métrage ; un semblant de mashup au programme, celui-ci faisant mine de lorgner du côté de Chihiro, Le Château Ambulant ou encore Totoro, dont il paraît d'ailleurs très proche au demeurant.
Comparer les deux œuvres apparaît comme aisé de ce fait, mais il convient davantage d'en souligner les différences : en effet, Ponyo se distingue grandement de Totoro de par son traitement de l'irréel, dans la mesure où la magie y occupe une place prédominante, au point de submerger la réalité (alors que l'Esprit de la forêt ne l'affectait que sporadiquement).
Dans cet ordre d'idée, l'introduction made in Ponyo annonce derechef la couleur, au travers d'une immersion aussi étrange que magique dans son essence, au point de se demander où l'on a atterrit ; pour autant le charme opère, notre curiosité éveillée voici que l'on suit les pérégrinations d'un poisson rouge pas comme les autres, dont la rencontre avec le jeune Sōsuke n'aura de cesse d'osciller entre tranche de vie quotidienne et un penchant magique toujours plus important.
Fidèle à son modèle de protagonistes principaux enfants, Miyazaki ne manque pas de nous attendrir sans discontinuer à l'aide de ces deux figures fort attachantes, pivots d'une ambiance sympathique et d'un ton mignon-tout-plein fort heureusement pas indigeste.
Néanmoins, l'amoncellement de bizarreries couplé à une intrigue plutôt brouillonne fausse le tout : celle-ci m'est ainsi apparu comme étant moyenne, car notamment précipitée en terme de tenants et aboutissants, comme peuvent en attester l'élément perturbateur obscur (le déchaînement magique) et le dénouement peu palpitant (car vraiment facile).
Par ailleurs, cette tonalité enfantine prédominante oriente le long-métrage à destination d'un public jeune, bien qu'il faille lui reconnaître un propos sous-jacents plus étoffé ; il subsiste en effet quelques thèmes familiaux plus matures, toutefois on peut regretter que ceux-ci ne soient qu'effleurés par Ponyo, dans la mesure où la magie et cette composante propre aux enfants occupent le devant de la scène de bout en long (ou presque tout du moins).
Enfin, impossible de ne pas citer le visuel hautement particulier arboré par le film, voire même original au sein de la filmographie Ghibli : le graphisme est en ce sens très coloré, dont les inspirations pastel mais aussi aquarelle confèrent au tout une identité reconnaissable entre toutes, tout en mettant pour le mieux en valeur les séquences magiques... mais je confesse n'avoir pas été au final plus emballé que cela.
Reste une partition efficace de l'incontournable Joe Hisaishi, mais j'en viens à conclure que Ponyo sur la falaise ne m'aura que peu enthousiasmé, bien que Miyazaki signait là un conte marin et familial unique en son genre ; à découvrir sans crainte donc, mais ce long-métrage s'adressera davantage aux plus jeunes.